Julia et Richard sont sur un bateau, mais personne ne tombe à l'eau
Putain, y a tout. Bourré de clichés (le quadra richard, la jeune prostituée, la bonne copine, l’associé connard, le maître d’hôtel balai-dans-le-cul-mais-en-fait-pas-tant-que-ça, les nantis guindés et leur train de vie fastueux, les charretières qui vont choquer du bourgeois en mastiquant leur chewing-gum avec l’élégance des poissonnières de Ménilmontant, et même jusqu’à la rédemption à deux balles), totalement prévisible, même les rares moments de tension n’en sont pas réellement et les incidents sont réglés en trois secondes et demie.
Julia Roberts s’échine et fait pendant à un Richard Gere (qui porte bien son prénom, tiens) dont le nombre d’expression se mesure à environ 2 sur l’échelle de Keanu Reaves.
Et puis l’histoire, quoi, oh ben dis donc, la rencontre fortuite d’un magnat et d’une pute qui verra l’un retrouver goût aux choses simples de la vie, l’autre devenir une duchesse, version moderne de « cette salope de Cendrillon », comme si élégamment dit dans le film. Flamboyant d’originalité et de sens. Et on e sur le fond sexiste d’un film où la femme se fait offrir des robes et payer pour jouer la potiche alors même que ça ne se justifie jamais – même si c’est un peu caricatural parce que l’inversion des valeurs, blabla. Ah, du comique de situation pipi caca boudin aussi, qui fait sourire gentiment au mieux, laisse de marbre au pire (0.5 sur l’échelle de Keanu Reaves.)
Ça vaut un 3 si on est gentil, tout ça. Et pourtant. C'est parfait pour débrancher le cerveau entre un Nietzsche et le potassage du dico des difficultés de la langue française, j'aime bien, c'est plaisant.
Et puis, soyons honnête : si Richard Gere me payait des smokings, ou même des robes, en me lâchant 3 000 dollz pour faire la cruchasse devant d’opulents octogénaires, ben moi aussi je serais heureux, ou heureuse, je ne sais même plus, et je le suivrais jusqu’à Islamabad, peut-être même avec supplément sexuel non tarifé.