Toi+moi [...] et tous ceux qui sont seuls

Il suffit de lire toutes les critiques que j'ai rédigé ces dernières années pour comprendre que le film devait nécessairement me parler: nostalgique avant même d'avoir eu l'âge pour l'être, les rapports à l'adolescence, à l'enfance, mais aussi aux relations intergénérationnelles, me fascinent. ça se ressent dans la construction de ma cinéphilie, et je pense que Quand je serai petit a au moins un mérite bien visible, c'est celui de me parler à un très haut niveau.


Néanmoins, à l'instar d'autres films, souvent français, dont je salue le scénario et les personnages, il manque un côté grandiose à tout ça. Et ça me gêne, parce qu'avec une autre réalisation, un vrai choix de bande-son, on tenait là un excellent film. Quand je serai petit a un côté plan-plan qui me pose problème.


Au niveau du jeu des acteurs, Jean- Paul Rouve est très crédible, portant son film avec succès. Benoit Poelvoorde incarne assez bien la figure paternelle, bien qu'il soit peut-être moins présent qu'il ne devrait l'être à l'écran. Petit bémol sur Arly Jover, dont les mimiques faciales demeurent assez perturbantes. Il faut dire que son personnage est peut-être un peu sous-développé au niveau de sa relation conjugale, et c'est bien dommage.


Concrètement, la différence entre la vie parisienne et dunkerquoise est assez représentée, avec un aspect très chaleureux lorsqu'il se rend chez la famille de substitution. Le film assume ses nombreux côtés symboliques: les parallèles Père-fils avec Mathias discutant avec Jean, et Mathias discutant avec Mathias par exemple. Dans ce cas précis, les deux mathias sont souvent rapprochés, là où Mathias et Jean (simili relation père-fils) sont souvent écartés dans les scènes aux abords de l'aéroport.

Le traitement du rapport à l'enfance, à la famille et aux non-dits reste le point fort du film, et là pour le coup, la mise en scène ne s'est pas contentée du minimum. La scène finale à ce propos est plutôt pertinente: résumant la vraie problématique du film (le deuil), elle en dit long sur ce qui traverse Mathias et sur le poids des choix qui s'offraient à lui.


On pourra regretter qu'il n'y ait pas de conclusion pour tous les arcs narratifs du film, ou que ceux-ci soient conclus en hors-champ. On ignore l'avenir conjugal du couple de Mathias, on ignore comment évolue sa fille avec lui, comment évolue sa relation avec sa mère. C'est pour ça à mon sens qu'il aurait mérité une petite demi-heure en plus, à condition d'être plus dynamique sur sa première partie et d'en venir plus rapidement aux faits.

Autre remarque, on appréciera que le film ne tombe pas dans l'écueil de la comédie quiproquesque, se refusant à forcer le trait aux situations étranges dans lesquelles se met Mathias: attendre devant une école, regarder fixement un enfant dans le bus, etc.

Il faut dire que la relation entre les deux Mathias a un côté très naturel. D'abord méfiant et distant, le jeune Mathias va finir par trouver en Mathias un second papa, là où ce dernier n'arrivait pas à faire le deuil du sien. C'est sans doute là le cœur du film, et c'est en ça qu'il est appréciable.


Je ne dis pas que j'aurai fais mieux, mais je reste persuadé qu'en lui appliquant mes codes de prédilection (bande originale chantée, plans ensoleillés et mélancoliques, bon rythme, ...), on arrivait à un grand classique. Cela dit, je n'ai pas boudé mon plaisir, et je mentirai si je disais qu'il ne m'a provoqué aucune émotion.


(7,5/10)




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le 18 mars 2025

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lordwraith

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