Je l'ai fini hier. On retrouve beaucoup de thèmes ou d'images du Festin Nu. Je crois commencer à vaguement entrevoir ce qu'était leur courant littéraire et surtout à quoi ça correspondait générationnellement et socialement.
Il y a quelque chose de la désolation bourgeoise dans cette expression. Ce personnage de Lee qui semble être l'alter ego de l'auteur, est dans une perdition totale correspondant à la conscience du poète moyen à l'ère de Reagan, c'est à dire le pic capitaliste avec totale décomposition sociale, dans lequel on est encore aujourd'hui.
Les personnages n'ont aucune existence à part la consommation. Ils cherchent du sens dans l'autre mais sont vides et ne savent pas quoi trouver ou chercher chez l'autre. Ils restent à la surface des choses. Ils consomment des drogues sans cesse pour essayer de découvrir une vérité cachée mais sont incapables de rendre compte du fait qu'il n'ont aucun lien avec le monde.
C'est très déprimant de s'endormir avec ça et de se réveiller le matin haha.
Ça tient au fait que le film traite de l'incapacité, de l'impossibilité de nouer un lien sincère et véritable avec un autre humain, alors même qu'on est guidé par ce désir. Ça fait partie des terreurs méta-physiques qui serrent mon âme et c'est à mon sens mille fois plus horrible que n'importe quelle scène graphique de crime.
Cette désolation est beaucoup emprunte d'une mélancolie sourde, sans larmes. Au pire le froid et le vide.
Très joli film mais éprouvant malgré sa douceur apparente.