De nombreuses questions sans réponses titillent notre société depuis des lustres. Comment les pyramides ont-elles été construites ? Que cache réellement la zone 51 ? Pourquoi l'interface d'Amazon Prime est aussi pourrave ? Etc. Mais en ce mois de novembre 2024, seule une question devrait tous nous tarauder : pourquoi personne ne parle de Red One ?
Ce film avait TOUT pour réussir d'un point de vue marketing, et pourtant j'en ai entendu parler nulle part. Les gros cinémas semblent le bouder tout comme les critiques qui restent frilleuses à son égard. Mais merde quoi : on parle quand même d'un blockbuster de Noël à 250 millions de dollars de budget avec en tête d'affiche Black Adam. D'autant plus que le film n'est pas plus mauvais que n'importe quelle grosse production sortant de nos jours... c'est peut-être là le problème : c'est juste moyen.
Je l'avoue : je prends joyeusement mon pied devant Red One. Le pitch, je le trouve de base assez brillant, alors ajoutez à ça un monde imaginaire rempli de créatures numériques et morceaux de bravoure et c'est banco. Et pourtant, c'est bien loin d'être parfait, c'est même par moment très très médiocre. Le film sauve principalement sa peau avec 2 éléments : le "world building" et l'artisanat derrière. Cette réimagination du monde du Père Noël, ça me parle particulièrement. Voir le Père Noël et ses employés soigneusement préparer la distribution de cadeau tels une gigantesque entreprise où travaillent humains, pingouin, ours polaires, trolls et lutins, c'est super divertissant, tout simplement. Et même si à la fin je ne crois pas une seconde en la capacité de Pépé Noël de pouvoir exécuter sa distribution mondiale en une nuit, je m'amuse à voir comment l'équipe du film s'est imaginé JK Simmons se faufiler dans les cheminées tel un ninja assisté par un pseudo vaisseau spatial. Et que dire de l'univers entourant les antagonistes, pêchés dans les anciennes légendes et comptines pour être parfaitement retranscrits sur le grand écran. C'est un monde foisonnant et loin d'être inintéressant, surtout si ça nous permet d'avoir un combat final contre un pseudo kaiju islandais. Ô là je dis "oui" !
Tout ça nous est servi par des artisans qui sont loin d'être des manches. Les maquillages et prothèses sont de la partie (Krampus déchire) et les effets spéciaux sont d'assez bonne facture... sauf les doublures humaines. Là c'est particulièrement dégueulasse. Non en fait c'est même carrément impardonnable en 2024. Et forcément, ça n'est pas aidé par la réalisation qui est LE point noir du film. Parce que Jake Kasdan, clairement lui n'a pas envie d'être là. C'est d'une platitude, d'une mollesse... C'est comme si vous donniez de superbes jouets à un gamin qui ressort tout juste d'une anesthésie : il n'en fera rien, ou au pire les agitera une ou deux fois. Les interminables dialogues ne sont qu'une suite de champs-contre-champs à la photographie moche tandis que les scènes d'action ne tentent jamais rien. Et il ne faudra pas compter sur le duo Johnson-Evans à l'alchimie forcée et au développement prévisible. Forcément, avec un film de Noël, on sait à quoi s'attendre niveau morale de fin et évolution de personnages, mais là c'est un peu faiblard, surtout après avoir eu droit à des scènes de baffes entre The Rock et Krampus, the G.O.A.T.
Le verdict est simple : c'est un pur film de plateforme qui n'aurait jamais dû finir sur le grand écran. Je privilégierai toujours les salles obscures, mais pour un tel produit, pas tellement. C'est globalement divertissant, c'est un peu plus original que la moyenne des blockbusters, ça fait par moment ricaner et, surtout, ça mérite un peu plus d'attention. Simplement dommage de ne pas avoir voulu exécuter la chose un peu mieux. On s'approche plus de la sortie de route par nuit enneigée que du réveillon au coin du feu.
NB: tu sais gamin, le Père Noël, ça existe pas. Noël, c'est la naissance du Christ, le vrai cadeau dont on a tous besoin en ces temps troublés ;)