Il y a certains films qui, à la fin de la projection, vous laisse pantois dans votre siège, le visage en sueur. "Requiem for a Dream" n'est pas une claque cinématographique, c'est un 38 tonnes lancé à pleine vitesse.
L'histoire est simple et, c'est d'ailleurs le seul point "faible" qu'on pourrait reprocher au film. 20min de moins auraient suffi à faire er le message et éviter de petites longueurs ou effets de style visuels parfois redondants (les prises de différentes drogues en accéléré par exemple). Mais c'est aussi cette simplicité qui rend le film bouleversant.
La trame est plus ou moins divisée en 2 parties : la montée et la descente. Le film est tout entier construit sur le concept de drogues, celles qui nous permettent d'échapper au quotidien et de vivre une vie par procuration (les émissions qui promettent monts et merveilles à leurs téléspectateurs) ou encore celles qui rendent palpables nos rêves mais aussi altèrent notre vision de la réalité (drogues chimiques où amour, amitié et avenir semblent idéalisés). Toute la première partie est portée par cette "montée" où la musique est douce et aérienne, où l'image est ensoleillée et où la mise en scène apaise et enivre. Mais sous cette croûte idyllique gronde quelque chose de menaçant, le spectateur le sait et la "descente" va, dans un second temps, emporter ses personnages dans une chute inexorable.
Car oui, il y a un prix à payer pour ces "paradis artificiels". Tout le monde se souvient de cette dernière demi-heure cauchemardesque où la réalisation devient étouffante et où le rythme cardiaque s'emballe jusqu'à un point de non-retour. Les images abominables s'enchaînent, la souf physique et psychologique envahit l'écran, la musique devient dramatique et l'image se teinte de couleurs sombres et délavées.
"Requiem for a Dream" est un véritable tourment qui vient reprendre à tous ses protagonistes, de manière arbitraire, leurs fantasmes. En croyant s'élever au-dessus de leur condition et s'émanciper d'une vie morne et désolante (chaque personnage, hors du quatuor principal, est décrit comme répugnant, désagréable, vicieux, ...), ils vont payer très cher leur addiction à un carburant de vie qui laissera chacun de leur rêve à l'état de songe lointain.
Darren Aronofsky, pour son second film, met à terre le public des salles obscures à l'orée du nouveau millénaire. Impossible de terminer ce texte sans saluer la performance proprement hantée d'Ellen Burstyn qui pousse très loin les carcans du basculement dans la folie.