Vu quelques années après sa sortie en salle, "Retour vers le futur 2" m'avait semblé à l'époque particulièrement détestable, et mon jugement avait été sans appel : "Scénario confus, s'égarant tout seul dans son accumulation de paradoxes temporels, acteurs surjouant dans l'hystérie, effets spéciaux ringards, l'équilibre incertain du premier épisode est bien perdu dans cet inable prolongement inutile d'un film plaisant...". Verdict : 5/20 !
Le revoir en 2020, à la veille des élections présidentielles américaines, nous offre un bonus inattendu : car à l'époque, hors des Etats-Unis, peu de gens avaient saisi la critique violente envoyée par Zemeckis et Spielberg contre la vision "trumpienne" du monde, condamnant l'Amérique "ordinaire" à sombrer dans la misère, la violence des armes et la haine, tout autour de la Trump Tower brillant de milles feux avec son orgie de mauvais goût et d'arrogance inculte. Mais même les auteurs du film ne pensaient pas que ce cauchemar, aux allures d'uchronie tirée d'un film de Capra, joliment incarné par un Thomas J. Wilson dont l'allure physique, et l'histrionisme captivent et évoquent parfaitement le 45ème POTUS, serait prémonitoire.
Sinon, il y a peu de choses à dire sur un film qui ressasse les situations créées lors du premier épisode, en regardant systématiquement le côté négatif des choses, sans arriver malheureusement à en faire un véritable concept, alors qu'il y avait matière. Sans doute Spielberg et Zemeckis ont-ils trop voulu garder le cap du blockbuster populaire, alors qu'ils avaient entre les mains un sujet qui aurait pu être ionnant, à condition d'en assumer la noirceur et le pessimisme.
A noter aussi l'étonnante conclusion "sérielle" du film, annonçant et dévoilant des images de la troisième saison, pardon du troisième épisode de "Retour vers le Futur", qui sera, on le sait, un retour aux origines fantasmées de l'Amérique.
[Critique écrite en 2020]