Yume est un film très personnel de Kurosawa. A travers cette œuvre, il nous introduit dans son univers onirique, pétri de culture japonaise. Ce grand artiste du 7e art retranscrit son monde intérieur par des images suggestives, émotionnelles, symboliques.
Yume est constitué de huit séquences, correspondant à huit « rêves » que le réalisateur a fait dans sa vie. Ses rêves d’enfant et ses rêves d’adulte. Chaque séquence est très différente avec chacune son atmosphère et sa marque visuelle. On y retrouve des éléments constitutifs des songes avec toute leur portée symbolique comme le fait de marcher dans le brouillard, de traverser un tunnel, de poursuivre une quête, d’être menacé par un animal agressif et bien d’autres éléments. Ces rêves sont marqués par les thématiques de la vie et de la mort, de la quête du sens. Il est intéressant de faire les liens entre ce que nous savons de Kurosawa, ses centres d’intérêts et ce qui se manifeste dans ces images.
J’ai été particulièrement séduite par les séquences poétiques et colorées et très particulièrement par Le verger aux pêchers qui est certainement le plus « japonais » de tous, faisant appel à la gimmick du théâtre nô. J’ai eu plus de mal avec les séquences trop explicites à mon goût comme Le Mont Fuji en rouge et Les Démons gémissants.
Au cours de sa carrière, Kurosawa aura exploré des styles bien différents : épiques, dramatiques, historiques. Voici un nouveau genre qu’il explore, l’univers onirique. Kurosawa n’en finit pas de surprendre par la richesse et la diversité de ses réalisations.