Si par indulgence on choisit sciemment de er outre l’affiche hideuse et le titre idiot, on pourra trouver quelques qualités au film de Jennifer Devoldère, notamment dans sa manière de peindre avec minutie le métier de sage-femme. Sinon, le film a tous les défauts des comédies populaires. Le filmage est plat et les facilités scénaristiques se comptent par milliers.
Après avoir raté le concours d’entrée en médecine, Léopold intègre par défaut l’école des sage-femmes en cachant la vérité à son entourage. Alors qu’il s’engage sans conviction dans ce milieu exclusivement féminin, sa rencontre avec Nathalie, sage-femme d’expérience au caractère ionné, va changer son regard sur cet univers fascinant et bouleverser ses certitudes.
L’affiche est symptomatique du manque de pensée de la réalisatrice quant à son film et témoigne des facilités dans lesquelles se vautre Jennifer Devoldère. Le titre sage-homme dit tout. Il s’agira donc de plonger un homme dans une profession exercée majoritairement par des femmes. Quant à l’affiche, elle est d’une laideur sans nom, totalement rose pour mieux insister sur le contraste. Un homme chez les femmes. On a d’ailleurs droit à une scène parfaitement convenue, au cours de laquelle monsieur refuse de mettre sa tenue de travail rose. Franchement, c’est assez faible et mauvais. Ajoutons que Léopold vient d’un milieu social modeste. Fallait-il ajouter une histoire de mérite dans cette histoire déjà pleine de mièvrerie ? Il y a également une relation sentimentale avec une autre élève et un père à la présence trop écrasante. La barque est bien chargée.
Si toujours par indulgence on ignore cette lourdeur et la pauvreté scénaristique qui règne sur l’ensemble, on pourra être intéressé par l’état des lieux du métier de sage-femme que dresse la réalisatrice. Elle le filme frontalement mais sans complaisance. On voit les accouchements, le labeur quotidien. Les gestes des comédiens sonnent justes, du touché vaginal à la mesure du col de l’utérus. Devoldère filme avec un soin clinique les gestes, le dévouement de ses sage-femmes. On ne nous épargne pas les difficultés qu’elles rencontrent dans leur quotidien, des surcharges de travail aux accouchements qui se ent mal.
On peut regretter cependant que la mise en scène (fantomatique) ne parvienne pas totalement à montrer le bourdonnement des couloirs d’hôpitaux. Dans ‘La fracture’, Catherine Corsini réussissait le chaos d’un hôpital grâce à des mouvements de caméra amples et maîtrisés. Jennifer Devoldère n’a pas non plus la rigueur et le background technique d’un Thomas Lilti qui dans ‘Hippocrate’ avait su montré avec force la vie quotidienne d'un hôpital.
‘Sage-Femme’ n’est pas un film qu’il faut absolument voir. Il est symptomatique des films à destination du grand public, généralement assez bâclés tant formellement que scénaristiquement. Heureusement, il y a un sujet fort qui permet de maintenir l’intérêt du spectateur. On pourra également louer les interprétions sobres et justes de Karin Viard et Melvin Boomer qui aident à er outre la flemme et l'absence d'idées de l’ensemble.