Même si les films concernés n’étaient pas toujours des chefs d'oeuvre, les Britanniques ont toujours eu le don de pondre des films en forme de photographies justes d'une époque, d’un air du temps. De l’élégance des dandys du 19ème siècle à la perméabilité à leur époque des rockers, il y a toujours eu un art britannique d’être dans le vent. Sans être du grand cinéma, Trainspotting visait juste s'agissant du prolétariat anglais de son temps. Lequel avait choisi la dope et les poses grande gueule pour oublier les petits boulots et la couverture sociale zéro de l'ère Thatcher (cf. Cigarettes and alcohol d'Oasis, cf. la scène Madchester) . Sur le terrain des nouvelles virilités, Full Monty avait des milliards d'années d'avance sur Le Grand Bain.
En 1960, avec Saturday night and sunday morning, Reisz et Finney donnaient à Albion son James Dean et son Bébel période A Bout de souffle. Avec une vision de la rébellion (without a cause) contre le conformisme d’une Angleterre provinciale et conservatrice plus convenue que chez Godard et Ray. Mais le film tient toujours grâce au mannequin Shirley Anne Field d'une beauté Swinging London avant l'heure, au macho cool de Finney, au talent formel de Reisz et SURTOUT à une palanquée de punchlines frondeuses destinées à être pillées (entre autres) par Alex Turner.
L'impact du film sur le rock anglais sera considérable. Déjà dans les sixties un des dialogues du film (I believe you. Thousands wouldn't) sera cité dans... un album aura repris le titre du film.
A défaut d’avoir pondu autant de grands films que ses consoeurs françaises ou nipponnes, la Nouvelle Vague britannique aura nourri les grands du rock de son pays. Déjà pas mal.
Petite addition : Le récent décès de Shirley Anne Field, actrice principale du film, m'a permis de "découvrir" que feu Albert Finney était natif de Salford, ville limitrophe de Manchester. Et justement une des photos les plus icôniques des Smiths fut prise devant le Salford Lads Club de Manchester. On n'en sort pas.