Attention, ce film n’est pas une comédie romantique, mais bien sûrement le film le plus triste qu’il m’ait été donné de regarder jusqu’à présent. Je viens de sortir de l’avant-première avec un nouveau trou dans le cœur et une impossibilité à comprendre la douce tristesse qui m’habite désormais.
Adam a emménagé seul dans un appartement à Londres. Sa solitude est accentuée par l’immeuble vide où il réside. Seules deux âmes, dont lui, y vivent.
Adam est un scénariste et il travaille sur un nouveau scénario sur ses parents. En manque d’inspiration, il décide de se rendre dans sa ville d’enfance. Dans un parc, il y rencontre un homme qu'il semble connaître. Cet homme, surpris de le croiser ici, l’invite chez lui pour diner avec sa femme. Rapidement, nous comprenons que ce couple, sont les parents d’Adam. Problème, physiquement, ils ont l'air plus jeunes que lui. Tout au long du film, il fera des allers-retours dans sa maison d’enfant intacte comme dans ses souvenirs. Il discute avec sa mère et son père, se remémorant son enfance ou alors leur parle de sa vie, de son homosexualité. À chaque fois, ses parents répondent à leur façon et en donnant le sentiment qu’ils se sont bien arrêtés dans le temps.
Entre chaque aller-retour, Adam rentre dormir à son appartement. Un soir, la deuxième âme de l'immeuble frappe à sa porte, Harry. Celui-ci est complètement bourré, alors par peur, Adam ne préfère pas le laisser rentrer. Mais après s'être revus plusieurs fois dans les couloirs, ils se rapprochent et s'apprécient au point de coucher ensemble. Nous voyons ainsi leurs moments heureux, ent beaucoup de temps ensemble, font l’amour et s’aiment. Un soir, ils sortent en boîte de nuit, ils y prennent de la drogue qui aura des effets qui vont nous faire douter de la réalité.
Adam, a-t-il des pouvoirs surnaturels ? Peut-il revenir dans le temps ? Qu'est-ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas ? Je pense que la réalité n’est pas importante dans ce film. La fin est si énigmatique qu’il faut certainement le voir comme un ensemble de métaphores. Les acteurs sont touchants, tous (ils ne sont que quatre). Les dialogues sont purs et les thèmes justes. Les images sont absolument magnifiques, des photographies d’une immense beauté. La mise en scène est soignée et ne laisse rien transparaître à part le doute. Un scénario qui a su jouer des longueurs sans laisser un vide d'ennui. Une atmosphère tantôt douce, tantôt inquiétante. Une maîtrise cinématographique qui permet de retranscrire cette sensation d’une tristesse non pas née d’une injustice, mais d’une peur, celle de la fin.
Après une courte réflexion, j’ai déjà envie de le revoir pour essayer de combler mes questions. Je trouve ce film très puissant et joue sur des sentiments contraires. J’ai l’impression avoir vu un film d’amour alors que tout est macabre. J’ai l’impression de n'avoir fait que pleurer, mais uniquement des larmes sèches et silencieuses. J’ai l’impression d’avoir été réconforté lorsque j'ai fait face à la tragédie effroyable de l’existante.
10/10 avec un coup de couteau dans le cœur.
Voici un an et demi que j’ai vu ce film pour la première fois, et depuis, je l’ai revu au moins une dizaine de fois. À chaque revisionnage, une relecture et tout change. La perception des images devient plus douce, plus agréable, plus surréaliste.
Après y avoir longuement réfléchi, je ne le considère même plus comme un film réaliste. Je ne le vois ni comme un film de fantômes, ni comme une fable, ni comme un mythe. Je le vois plutôt comme une nouvelle manière de percevoir la réalité, une vraisemblance qui permet d’exprimer des émotions d'une précision et d'une rigueur extrêmes.
Absolument tout, dans ce film, est juste. Chaque scène, chaque dialogue, chaque acteur. C’est un film qui reste ; un film qui bouscule ; un film qui choque ; mais plus on l’apprivoise, plus on le comprend, plus on saisit son immense beauté. C'est une ode à la vie, à l’amour, au corps. Un film nous rappelle qu’au fond, nous sommes tous un peu perdus, tous en souf, d’une manière ou d’une autre. Peu importe les étapes de notre vie, nous souffrirons, mais l’essentiel est de trouver quelqu’un qui nous fait un peu oublier cette peine. Quelqu’un avec qui la partager nos joies et ne plus être seul devant l'adversité.
Le temps dont nous disposons est bien plus court qu’on ne le pense, presque aussi bref temporellement qu’un film. Et dans ce temps limité, il faut absolument tout dire à ceux qui partagent notre vie, car le manque n'attendant personne.
Je ne sais pas si je continuerai à le revoir encore et encore. Je ne sais pas si, à quarante ans, le monde qu’il décrit résonnera toujours de la même manière, ni si je le comprendrai de la même façon. Mais une chose est sûre, et ça, je peux l’affirmer : je n’oublierai jamais ce qu’il m’a fait ressentir. Je n’oublierai jamais cet instant de vie partagée.