Quelle chance que le cinéma ait été inventé, quand même ! Tant de moments uniques se seraient perdus pour toujours ! Et cette plongée dans une petite bulle musicale brésilienne du tout début des années 70 n'aurait bénéficié qu'à ses protagonistes, alors que là, nous, on peut aussi profiter de leurs bonnes ondes, de leur créativité, de leur spontanéité, de leur science et de leur humour (la bonne blague en Sol majeur !), à l'occasion d'un tournage à l'arrache, en marge d'un autre projet, qui les a cueillis au débotté mais pas au dépourvu, parce qu'ils respiraient musique, ces diables-là. De 20 à 80 ans, tous ont baigné dans les rythmes métissés de leur coin ionnant du monde et apporté leur pierre à l'édifice. Ils se connaissaient, se respectaient, se répondaient, s'enrichissaient, et, dans le même temps, l'Amérique Latine se préparait à subir une vague sans précédent de dictatures mortifères, à l'opposé des aspirations de liberté de musiciens pleins de vie. Comme dans le très excellent They shot the piano player, dont le protagoniste, encore en vie à l'époque, abreuvait ses contemporains de ses arcs-en-ciel acoustiques. Un documentaire pour les ionnés, mais pas seulement, parce qu'il fait juste bon trainer aux côtés de jeunes gens vibrants de joie, surtout à l'heure où les cinglés du contrôle font main basse sur tous les leviers du pouvoir, hein...