Je ne sais pas s'il y a encore des gens à spoiler mais au cas ou : spoiler alerte
Que dire si ce n’est Bravo. Que faire si ce n’est applaudir. Scarface est, je peux maintenant le dire, un grand film et un incontournable.
Film devenu culte, personnage devenu icône, l’empreinte de ce film est indélébile et ferait de l’ombre à celles que peut laisser un Godzilla déchaîné.
Une plongée de 2h30 dans l’univers de la mafia cubaine, au côté de Tony Montana, exilé cubain rêvant de fortune et prêt à tout pour y parvenir. On suit son ascension puis sa chute, schéma plutôt classique pour ce genre de film mais mené d’une main de maître par un Brian De Palma inspiré et un scénario, signé Oliver Stone, efficace.
Le premier, De Palma, ne cesse de nous proposer des plans tous plus travaillés les uns que les autres. Riches dans leurs compositions, aidé par une magnifique photographie, ainsi que dans la technique de De Palma, qui offre de superbes plans séquences mais sait aussi marquer les esprits en un seul plan, comme cette illustration du rêve américain, par une affiche d’un Miami attrayant qui, peu à peu, se perd dans un Miami crade et sombre, dans lequel nos protagonistes travaillent pour une misère dans un baraque à frite, avec toujours leur rêve américain en tête. Une parfaite illustration de ce que va nous montrer le film : les travers du rêve américain qui peut vite devenir un cauchemar, une façade qui cache un milieu bien plus sombre que ce qu’il vend.
Tant de talents devaient être au service d’un scénario de qualité. Brassant divers sujets, le rêve américain, le milieu de la drogue, l’immigration… le scénario d’Oliver Stone, malgré ses aires de déjà-vu, est riche, efficace et aux dialogues géniaux.
On a donc un très bon scénario et un excellent réalisateur, que manque-t-il à Scarface : Tony Montana. Incarné par un Pacino magistral, ce personnage est le point fort du scénario. Loin du gangster uniforme sans grande personnalité, Montana marque par sa complexité. Malfrat capable des pires atrocités, il n’en demeure pas moins très attaché à ses valeurs qu’il tient à tout prix à protégé, à l’image de sa sœur, mais que dans sa folie, il finira par détruire. Un personnage bien plus nuancé qu’il n’y parait, que certains n’ont visiblement pas compris, ainsi le portent-t-ils en modèle, alors qu’il est le symbole de l’échec du rêve américain, de la déchéance de ce rêve que beaucoup veulent atteindre. Montana lui, vivra son rêve américain et en connaîtra la déchéance, payant les conséquences des ses actes.
Il ne manque plus que le synthé de Moroder pour sublimer chaque moment du film.
Ainsi obtient-on Scarface; un incontournable; un moment fort, maîtrisé et marquant.