Combat politique d'arrière-garde

Comme je le redoutais, il aurait été malheureux de voir ce film à sa sortie, en début 2023. S'il a mûri dans sa maîtrise de l'outil cinématographique, Dupontel semble avoir été lobotomisé par son excellent Enfermés dehors. Le cerveau s'empâte, grassement nourri à la célébrité, sauce française conventionnelle.

Bien sûr, l'humour est présent, bien servi notamment par l'appréciable Nicolas Marié, et les intentions humanistes sont là aussi. Mais le personnage est caricatural dans son romantisme ridicule à la Amélie Poulain, dans son "héroïsme" et jusqu'à son très chrétien martyre. En deux mots, il n'est pas crédible. Et puis Cécile de dans son rôle de journaliste improbablement honnête : qui va encore croire à cette fable, avec nos médias de masse qui mentent comme ils respirent ? Mon pauvre Dupontel, quand on n'a plus les moyens de monter sur un tatami, c'est minable d'essayer d'amadouer l'arbitre.

Après plus de deux ans de dictature sanitaire et d'une irresponsabilité collective de la société française validée par la réélection haut-la-main et silencieuse de l'auteur de cette escroquerie incroyablement destructrice et inédite que fut le Covid, Dupontel avait un sujet en or, d'autant qu'il était un défi difficile à faire er. Ben non, il a fallu qu'il produise un mélodrame social crémeux de plus pour faire oublier aux gens que la vérité n'est pas devant leurs yeux. Fais dodo, Colas mon p'tit frère... et fais de beaux rêves de grandeur morale, surtout, pendant qu'on détruit ton environnement et qu'on te fait les poches. Ch'est un bon tranquillisant à chon pépère, cha !

Cependant, face à un cinéma français devenu aussi insipide que volontairement amnésique, comment devrais-je aujourd'hui bouder un peu de plaisir ? C'est vrai, ça : ça faisait tellement longtemps que j'avais pris de la crêmasse douceâtre.

Allez, encore une p'tite cuillère, la vie lâche et médiocre de la société française continue...