Une relecture d’une partie de la Vie de l’impératrice Elisabeth d’Autriche interprétée par la superbe Suzanne Wolff et de son amitié improbable avec Irma Sztáray, sa dernière dame d’honneur, incarnée par Sandra Hüller. Je dois dire que je n’étais pas spécialement attirée par le film et pourtant il m’a subjugué tout du long. Les deux femmes sont à priori à l’antithèse. L’impératrice est de prime abord autoritaire, testant ou faisant tester Irma, dès son arrivée, sans même penser à lui offrir ou faire offrir de quoi se désaltérer. L’on se demande vers quoi nous embarque la réalisatrice. Puis peu à peu le charme opère. Irma vénère Elisabeth, prête à tout pour elle. Je pense à la scène où Irma saute d’une falaise pour retrouver l’impératrice laquelle vient de sauter, histoire de tester son dévouement et son Amour pour elle ou du moins jusqu’où son engagement ira pour elle. Le film s’attarde longuement à dépeindre une impératrice fragile, sous-alimentée, anorexique, conservant malgré tout sa beauté. Irma est impuissante devant la déchéance de sa «maîtresse». Elle s’empresse de la sauver à maintes reprises sans réel succès. Ce que nous montre le film est une Irma assurée d’être laide et inutile, incapable, comme le lui confirme la lettre qu’elle recevra de sa mère. D’inutile elle devient indispensable aux côtés d’Elisabeth. Elle s’identifie même par moment à elle. Les décors et costumes sont soignés. La photographie superbe. Les paysages des divers lieux de voyage sont somptueux. Les deux femmes entretiennent une relation quasi amicale, loin du protocole que fuit à tout prix Elisabeth. Après des années de voyage en compagnie d’Irma, elle rentre à la cour, plus ou moins obligée par son mari, l’archiduc de Habsbourg, Georg Friedrich, lequel n’a ni femme dans l’intimité et sa vie privée, ni d’Impératrice pour l’accompagner dans ses déplacements et assister aux repas officiels. La réalisatrice pousse la provocation de faire remplacer Elisabeth, lors d’un dîner officiel, par Irma. Le soir même celle-ci assiste, impuissante, à la dispute d’alcôve du couple impérial. L’on se doute qu’Elisabeth a refusé de se rendre au festin, en partie, pour le refus du protocole mais également pour la succession des plats de toutes sortes jusqu’à l’écœurement. Elisabeth convainc Irma de l’accompagner en Suisse, pour un ultime voyage. Entre temps leur lien sera fragilisé lorsque l’impératrice s’amourache d’un capitaine. Le final est laissé à l’appréciation du spectateur.