Voir Society - qui m'intéressait depuis un bon moment - quelques mois après The Substance ne fait que souligner la médiocrité de celui-ci, qui non content d'être extrêmement mauvais est en plus pompé (tant sur le fond que sur la forme) sur ce très chouette film (et sur d'autres) sorti il y a trente-cinq ans déjà. Il est très frappant de constater à quel point les effets spéciaux de l'époque ont bien vieilli et sont toujours aussi répugnants aujourd'hui.
La singularité de ce film tient dans le fait qu'il reprend et combine les codes du soap opera et du film d'horreur. Le soap car nous sommes à Beverly Hills chez les jeunes riches et beaux, qui se disputent les faveurs de leurs congénères du sexe opposé ; mais cette influence ne se limite pas à l'univers du film puisque même son esthétique rappelle celle des feuilletons. On remarquera subsidiairement que l'acteur principal, Billy Warlock, s'est fait connaître dans des séries télévisées (notamment Alerte à Malibu). Society est pourtant bien un film d'horreur, son ambiance est extrêmement malsaine (d'emblée, puisque la scène d'ouverture puis le générique annoncent la couleur), de sorte que toutes les scènes, même les plus enjôleuses, sont chargées de l'angoisse de ce qui pourrait advenir. Le film ne se prend néanmoins pas au sérieux, et tout ce qui nous inquiète prête également à rire - à l'instar de cette invention géniale qu'est la mère de la copine du héros, une sorte d'énorme poupée muette qui se nourrit de cheveux et qui n'a aucune utilité dans le récit en dépit de ses multiples apparitions.
L'ennui avec les films d'horreur c'est qu'ils débutent quasiment toujours mieux qu'ils ne se terminent, et celui-ci ne fait pas exception bien que son finale soit d'une singularité indéniable. La tension se nourrit en effet de l'incertitude ; une fois celle-ci levée (c'est-à-dire après une heure vingt de métrage ici, ce qui laisse quand même beaucoup de bon) on est toujours un peu déçus. Il faut dire que la déception s'accompagne ici d'une aversion certaine, car je dois bien avouer que je ne goûte guère au body horror, dont l'épilogue de Society est un exemple paroxystique. Au-delà de ça, on ne peut que s'attendre au propos de cette fin, qui il est vrai a le mérite d'y aller franchement. Je lis sur la page Wikipédia du film qu'il a bien mieux marché en Europe qu'aux Etats-Unis... disons que c'était plus que prévisible vu le doigt d'honneur que Yuzna adresse à la bourgeoisie américaine. On ne s'en plaindra pas, mais j'aurais préféré que le film reste sur les rives de l'angoisse et de la dénonciation subtile, au lieu de verser dans le grand-guignol atroce.