Society
6.5
Society

Film de Brian Yuzna (1989)

Mélange des genres & lutte des classes

Voir Society - qui m'intéressait depuis un bon moment - quelques mois après The Substance ne fait que souligner la médiocrité de celui-ci, qui non content d'être extrêmement mauvais est en plus pompé (tant sur le fond que sur la forme) sur ce très chouette film (et sur d'autres) sorti il y a trente-cinq ans déjà. Il est très frappant de constater à quel point les effets spéciaux de l'époque ont bien vieilli et sont toujours aussi répugnants aujourd'hui.

La singularité de ce film tient dans le fait qu'il reprend et combine les codes du soap opera et du film d'horreur. Le soap car nous sommes à Beverly Hills chez les jeunes riches et beaux, qui se disputent les faveurs de leurs congénères du sexe opposé ; mais cette influence ne se limite pas à l'univers du film puisque même son esthétique rappelle celle des feuilletons. On remarquera subsidiairement que l'acteur principal, Billy Warlock, s'est fait connaître dans des séries télévisées (notamment Alerte à Malibu). Society est pourtant bien un film d'horreur, son ambiance est extrêmement malsaine (d'emblée, puisque la scène d'ouverture puis le générique annoncent la couleur), de sorte que toutes les scènes, même les plus enjôleuses, sont chargées de l'angoisse de ce qui pourrait advenir. Le film ne se prend néanmoins pas au sérieux, et tout ce qui nous inquiète prête également à rire - à l'instar de cette invention géniale qu'est la mère de la copine du héros, une sorte d'énorme poupée muette qui se nourrit de cheveux et qui n'a aucune utilité dans le récit en dépit de ses multiples apparitions.

L'ennui avec les films d'horreur c'est qu'ils débutent quasiment toujours mieux qu'ils ne se terminent, et celui-ci ne fait pas exception bien que son finale soit d'une singularité indéniable. La tension se nourrit en effet de l'incertitude ; une fois celle-ci levée (c'est-à-dire après une heure vingt de métrage ici, ce qui laisse quand même beaucoup de bon) on est toujours un peu déçus. Il faut dire que la déception s'accompagne ici d'une aversion certaine, car je dois bien avouer que je ne goûte guère au body horror, dont l'épilogue de Society est un exemple paroxystique. Au-delà de ça, on ne peut que s'attendre au propos de cette fin, qui il est vrai a le mérite d'y aller franchement. Je lis sur la page Wikipédia du film qu'il a bien mieux marché en Europe qu'aux Etats-Unis... disons que c'était plus que prévisible vu le doigt d'honneur que Yuzna adresse à la bourgeoisie américaine. On ne s'en plaindra pas, mais j'aurais préféré que le film reste sur les rives de l'angoisse et de la dénonciation subtile, au lieu de verser dans le grand-guignol atroce.

7
Écrit par

Créée

le 9 mars 2025

Critique lue 12 fois

Neumeister

Écrit par

Critique lue 12 fois

D'autres avis sur Society

Critique de Society par maloryknox

une oeuvre assez original et décomplexée faut le dire! Je l'avais depuis pas mal de temps sur mon disque dur et je l'ai regarder surtout pour m'en débarrasser, mais finalement j'ai étais assez...

le 6 août 2013

14 j'aime

1

Critique de Society par Teklow13

Le film démarre en douceur, émaillé d’étrangetés et de visions bizarres. Bill est un jeune lycéen qui vit dans une riche famille, à Beverly Hills. Il fait des rêves étranges, a des visions, entend...

Par

le 23 juil. 2012

14 j'aime

1

La société du spectacle

Cela fait quelques années que j'ai acheté ce film mais, comme pour beaucoup de mes originaux, je l'ai laissé traîner sur mon étagère ; une des raisons qui m'ont fait repousser le visionnage : ma...

Par

le 19 mars 2016

12 j'aime

4

Du même critique

Derrière les apparences

On a là un film étrange. Etranges aussi les réactions des spectateurs, qui apparemment ne veulent y voir qu'une série B ratée, indigne du réalisateur de Blow Out, alors qu'il s'agit selon moi de l'un...

le 8 mars 2014

14 j'aime

2

Inland Empire
10

Le film d'un rêve/Le mal est dans le reflet

On a beaucoup glosé sur le dernier film de David Lynch. Il faut dire qu'il venait après le triomphe - tout à fait justifié - de Mulholland Drive, le film total forcément difficile à réitérer. Lynch...

le 13 juil. 2023

14 j'aime

Inconséquence

Peut-être qu'il faudrait arrêter de se poser tant de questions, et s'en remettre à ce que le film propose et qui n'a pas besoin d'être interprété : la circulation des corps dans l'espace et dans le...

le 13 juil. 2023

11 j'aime

4