Quinnie l'Ourson

Des méchants pas si méchants au secours de gentils pas si gentils. Ouuuh, Hollywood ferait-il dans la nuance et la subtilité ? Serait-ce la fin du mythique superhéros immaculé ? Le moment est-il venu de prendre du recul sur cet avatar de la toute-puissance justicière et patriote de l'Amérique ? Oh, mais attendez, nous ne sommes plus en 1997 ?


Et oui, c'est là, la première grosse faiblesse du pitch de Suicide Squad : des (super)héros torturés, voire moralement ambigus - autrement dit, des antihéros -, cela fait bien quinze ans qu'on s'en tape au cinéma. Le "quinze" n'est pas écrit au hasard : le 11 septembre a eu des répercussions jusque dans les mondes pop-corn de Marvel et DC, que ce soit pour recourir aux terroristes comme les faciles grands méchants, ou, plus intéressant, pour faire vaciller la notion d'héroïsme à l'Américaine. Bush a voulu jouer à Captain America en allant installer la démocratie en Irak, et on a vu dans quel état Captain America est revenu au cinéma pour la première fois après la guerre là-bas.


Suicide Squad arrive donc un peu après la fête, d'autant plus qu'aucun effort n'est fait pour rendre nos compagnons particulièrement plus tordus ou sadiques que le premier Deadpool venu. "Mais enfin, ouis-je, on s'en fout totalement ! Ce film est une bonne grosse barre de rire, rien de plus !" Pourquoi pas, mais ça n'a pas l'air d'avoir toujours été prévu comme ça. Le trailer initial laissait envisager un film beaucoup plus sombre, et les infos selon lesquelles de nouvelles scènes auraient été tournées suite à l'échec relatif du tristoune Batman v. Superman dessinent clairement les conteurs d'un virage comique de dernière minute. Les ficelles sont grosses, et ni le montage au hachoir, ni les surtitres bariolés ne parviennent pas à déguiser en cocktail explosif ce patchwork mal cousu de drôle et de pas drôle. Et le rythme du film se retrouve en charpie.


Au final, un bon tiers du film semble consister d'une boucle entre une vanne de Will Smith, Margot Robbie qui fait sa fofolle, la cousine pseudo-inca de la fille de The Ring qui fait sa potion magique, les tirs badass de Will, les fesses de Margot, une musique méga-connue, une vanne de Will, et ainsi de suite ad nauseam. Ce n'est pas déplaisant, mais ça ne mène à rien de captivant. Il en va de même pour les apparitions du drôle et complètement surjoué Joker de Jared Leto.


Et pour chercher la petite bête, un dernier souci de crédibilité : la valeur ajoutée d'une bonne partie de l'équipe est contestable. Will Smith, Ok, il tire avec 100% d'efficacité (laissons de côté le fait que ses armes soient par magie efficaces sur les méchants pseudo-incas, alors que celles de tous les autres militaires ne le sont pas). Zombie Boy, OK, il est puissant. Pareil pour le Rango dopé comme un athlète russe. Mais l'Australien qui, euh, lance des boomerangs ? Et Harley Quinn et Katana se battent très bien, mais vraiment, il n'y a personne de leur niveau dans l'armée US ? Quel intérêt de prendre à la place deux personnes potentiellement non coopératives, et dans le cas de Harley, en irritant au age le petit copain le plus dangereux de Gotham ?


Il y avait moyen de faire beaucoup, beaucoup mieux.

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le 7 août 2016

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Manutaust

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