I'm a poor lonesome japanese truck driver and I'll restore your faith in food !
Juzo Itami aime la nourriture et il aime le spectateur, il joue aussi bien des deux, il nous donne faim et nous on veut lui faire des câlins.
Par une nuit d'orage on apprend l'art de la dégustation des nouilles japonaises, leur odeur, leur consistance, leur rituel : nous sommes plongés entièrement dans ce bouillon de culture et de jouissance gustative. D'ailleurs ça donne envie d'en déguster ainsi que l'occasion de s'arrêter dans ce petit restaurant sur le bord de la route qui va devenir central dans cette histoire ! Tout le principe repose effectivement sur l'évolution qualitative des nouilles de ce restaurant dans une quête nourricière et pleine de bonne volonté et de bons sentiments.
C'est l'occasion pour le réalisateur d'exalter la nourriture (sous toutes ses formes !), de croiser les genres, de surprendre, de faire des clins d'oeil. La scène d'introduction est déjà en soi une petite merveille, elle apostrophe le spectateur, le fait pénétrer dans le film, le prend à parti tout en l'informant du ton décalé qu'adopte le film. En effet Juzo Itami a ce désir de croiser les situations (l'homme au costume blanc, les restaurateurs, le comité d'entreprise, le mari inquiet et tant d'autres), les genres (western, comédie musicale, l'obsession filmique, le portait sociétal), croiser les scènes : les hommes se rencontrent, se bousculent, s'embrassent, se contemple et se dévorent pour le plus grand plaisir du spectateur. C'est un potache qui nous fait saliver ...
Le tout serait seulement sympathique, original, entrainant, érotique et drôle si ce n'était pas porté par deux acteurs exceptionnels :
- Tsutomu Yamazaki : Cowboy moderne au regard sombre, exigeant, charismatique, économe, généreux et tendre. Il est notre personnage principal, chevalier errant accompagné par son écuyer/accompagnateur de conduite.
- Nobuko Miyamoto : restauratrice courageuse, motivée au sourire ... au doux sourire, aux dents blanches, aux joues roses, aux yeux brillants ! À croquer !
Des scènes des amants à l'espionnage de la restauration, des visites aux clochards gourmets jusqu'à la scène du restaurant, de la salle de cinema à la dernière projection, de la bataille sous le pont jusqu'à la transformation finale : ce périple qui déborde sur l'absurde comique entretient sans cesse sa complicité avec le spectateur mais ne saurait échapper à une petite longueur sur la fin, ayant un court instant oublier lui-même où il voulait en venir.
Dans tous les cas il nous a mit l'eau à la bouche, un puits de félicité gastronomique heu filmique !
Ps : Mais qu'on dise à cette mégère d'arrêter de tripoter, elle me fait peur !
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