Depuis 1991, la franchise Terminator a oscillé entre la révérence maladroite (Terminator 3), la tentative avortée (Terminator Renaissance) et la profanation éhontée (Terminator Genisys). Arrivant au stade de la désespérance la plus totale, James Cameron (réalisateur culte des 2 premiers) se décide à revenir dans la saga au rang de producteur et co-scénariste. Il laisse sa place au réalisateur Tim Miller et semble bien motivé à laver l'honneur de sa création. En plus de Cameron, l'inoxydable Arnold Schwarzenegger reprend du service, accompagné de l'inoubliable Linda Hamilton. Bref, le retour de la dream team, qui ne s'était pas réunie depuis T2 : Le Jugement Dernier. Et apparemment, la motivation est si intense qu'une trilogie serait envisagée...
Je ne mentirai pas : Dark Fate est meilleur que le misérable Genisys. Cela dit, on ne partait pas de bien haut non plus. Hélas, il est aussi représentatif du nivellement par le bas que suivent les franchises ces temps-ci (Jurassic World, Predator ou Men In Black). À ma grande et mauvaise surprise, le film se révèle incapable d'être autre chose qu'un décalque sommaire des deux premiers volets. Vous vouliez du neuf ? Pas de chance, Dark Fate c'est du vieux avec un lifting de trop.
Et s'il n'y avait que ça, ce serait juste problématique. Malheureusement, la direction artistique cumule les tares. Je prendrai l'introduction en guise d'exemple. Alors qu'elle avait tous les éléments pour raviver l'esthétique Terminator et surprendre (voire même choquer), ces vingt-cinq premières minutes sont en réalité d'une platitude effarante. Les causes sont multiples. La réalisation de Tim Miller, dépourvue de la moindre personnalité et subtilité. Seuls comptent le rythme syncopé et la castagne numérisée. Les personnages sont artificiellement introduits, noyés dans une narration brouillonne et des dialogues peu inspirés. Enfin, les effets visuels qui se révèlent très inégaux et tendent à rendre les scènes d'action cartoonesques. Voilà donc pour commencer : une mise en scène médiocre, une absence d'ambiance criante, et un manque de renouvellement fâcheux. Ça distraie d'un œil et ça irrite l'autre.
La suite sera du même tonneau. Pire, elle enfonce le clou : les quelques idées intéressantes sur le papier sont vaporisées dans la soupe digitalisée, et toute la symbolique progressiste devient risible.
Sarah Connor fait incontestablement partie des personnages féminins iconiques. Pas parce qu'ils ont une arme à la main ou une cigarette au bec. Mais parce qu'ils sont bien écrits, tout simplement. On les aime pour leurs caractères, pour leurs forces autant que leurs faiblesses. Chose que Dark Fate choisit de diluer dans le cliché de l'amazone burinée et armée jusqu'aux dents. On évite le drame de peu grâce au talent de Linda Hamilton et MacKenzie Davis. Un immense merci à elles. Natalia Reyes complète ce trio avec entrain, même si le personnage de Dani ne revêt pas un grand intérêt. Arnold Schwarzenegger ? Eh bien c'est comme le film. Mieux que pour Genisys, n'empêche que c'est pas encore ça. Il sera pourtant le Terminator le mieux traité du film, puisque le nouveau venu -le Rev-9- ne dégage strictement rien. Il n'a ni l'épaisseur glaçante d'un Schwarzenegger (dans T1) et encore moins la froideur féline du fantastique Robert Patrick (T2). Désolé pour Gabriel Luna, mais c'est raté.
Le problème ce n'est pas que la formule est déée mais que personne n'a su la réinventer. Faute de tenter le coup, Tim Miller la photocopie sans vergogne, en oubliant qu'une reproduction a forcément moins belle allure que l'original. J'attendais une bonne suite à Terminator 2 ou à défaut un bon film. Ce sixième volet n'est ni l'un ni l'autre. Il aura juste réussi à confirmer (si c'était encore à faire) que la saga Terminator s'est achevée en 1991, sur la route d'un destin bien plus radieux que ce Dark Fate.