Shania Wolf
Dire que j’ai sous-estimé ce film serait un euphémisme. Ayant toujours porté à Weerasethakul un amour tout relatif, je m’attendais à ce que, de même, ma dérision à son égard fut timide (à ce stade je m’aperçois à quel point mon écriture demeure extraordinairement normée en dépit de mon taux d’alcoolémie – c’est un talent qui me fut jadis énormément envié). Toutefois, il ne me fallut que quelques minutes pour réaliser l’étendue de mon erreur. Comme j’aurais dû m’y attendre avec un titre tel que The Adventure of Iron Pussy, Weerasethakul et son co-réalisateur dont je ne ferai pas l’effort de retenir le nom frappent fort. Très fort.
Les premières minutes du film condensent déjà tout ce qui fera sa fureur ridicule. Surjeu permanent, freeze frames des plus incongrus, personnages stéréotypés à l’excès, on sent déjà les relents des comédies hong-kongaises auquel rien ne peut m’habituer. Mais tout cela semble encore bien pâle au moment où, pour la première fois – assez tardivement pour que la surprise nous frappe sincèrement – les personnages se mettent à chanter. Comme si l’affront ironique que nous avions eu à subir jusque-là n’était pas suffisant, ces rengaines d’une niaiserie à toute épreuve nous transportent dans un univers
Je pourrais m’attarder sur quelques plans d’anthologie qui témoignent à eux seuls de la complexité vaudevillesque de ce pastiche irrésistible. Parmi les innombrables flashes qui se rappellent à moi à la seule mention de ce film, je retiens surtout les amants dont l’image se projette sur la lune pleine, dans une représentation digne des pires… non, en fait, honnêtement, je ne sais pas qui d’autre aurait pu oser cela. Ajoutons le doublage tout ce qu’il y a de plus excessif et irréaliste, la mise en scène totalement improbable et les faux raccords trop tape-à-l’œil pour être innocents, et vous obtenez la recette parfaite pour un nanar que Karim Debbache n’aurait point renié dans ses chroniques.
Je pourrais m’étendre encore longtemps sur les innombrables étrangetés de montage, la musique aussi exagérément grandiloquente que parfaitement aberrante, les acteurs qui selon toute évidence n’ont pas dû connaître par la suite une carrière glorieuse, mais le temps est venu de er le clavier à mes comparses qui, à n’en pas douter, ont eux aussi fort à dire sur le sujet. Je me contenterai donc de vous transmettre mon enthousiasme mi-sincère, mi-honteux, et de me rappeler ce Tweet que j’ai communiqué dans le feu de l’action : « La consternation jubilatoire devant The Adventure of Iron Pussy ».
Il résume parfaitement ma pensée.
Rem_coconuts
De Weerasethakul, j’ai le souvenir de cet Oncle Bonmee, celui qui se rappelait ses vies antérieures (oui, oui), à l’époque découvert dans mon cinéma d’art et d‘essai carcassonnais tant adoré et vénéré, devant lequel j’étais resté fort perplexe. A défaut de m’être rappelé de mes vies antérieures, je me souviens surtout de l’absurdité et de l’incongruité de la surprenante palme d’or 2010, de ce singe aux yeux rouges apparaissant soudainement à table dans la pénombre d’une terrasse au fin fond de la forêt thaïlandaise, d’un étrange poisson (-chat ?) dévorant littéralement l’intimité d’une dame au fin fond d’une cascade toujours au fin fond de la forêt thaïlandaise, d’un resto ou d’un karoaké lugubre je sais plus. Et puis le vieux est mort. Une retraite en moins. RIP.
Malgré m=on amour inconsid&éré pour ce chef d’œuvre au demeurant fort conceptuel et ayant jadis fortement joué sur mes nerfs et déé mon stade de compréhension que j’ai pourtant la maigre prétention de juger relatiovement correct dans son ensemble, je décidai, en mon âme et conscience, en cette fraiche soirée de novembre, en poussant les portes de cet appartement, de donner une nouvelle chance à (pomme) d’Api (vous verrez le détail a toute sopn importance). J’étais alors à diox mille kilomètres de m’imlaginer du choc cinématographique (voire du littéral dépoucelage en la matière) qui alors me frapper de plein fouet sur ma trajectoire pourtant ascendante (je présume).
Car il m’a été donné, ce soir, la chan,ce, l’honneur, la fierté, d’assister àç l’une des séances les plus extraordinaires de ma vie. Pas de celles qui m’ont donné l’amour, le goût prononcé, la vibrante pâssion pour le septioème art, mais de celles qui m’ont conforté dans cette ion démesuée pour un certain goût de l’audace, une sorte de folie furieuse, voire de possession démystifiée. Pas de celles qui m’ont boulervsé, qui ont fait chavirer mes tripes et mon hgumble cerveauy soixante doutze heures durant, mais de celles qui m’ont donné l’impression d’avooir ingurgité une forte dose de champis ou de LSD, probablemùent à l’instar de ce cher Apichatpong avec lequel je me suis réconcilié ce soir, bien que Iron Pussy ne soit probablement représentatif de son œuvre en rien. Ouyi, vous m’avez bien lu : en rien.
Vous aurez certainement deviné, malins et éclairés que vous êtes probablement (ou pas), que ce n’est poas tant pour ses qualités cinématographiques, sa finesse, la solidityé de son fond, son message, que ce film atteint lkes vertus de l’extraordinaire. Ce » n’est pas non plus pouir la profondeur de son interprétation, la classe de sa diostribution (quopique la Pompadoy et Iron Pussy n’iont rien à se reprocher en la matièure, mention spéciale à l’équipe de coiffure, aussi maigre fut-erlle sans oute faute de moyens – et guy t’es en Thaïlande, pas à) Hollywood et encore moins à « Odeko »-land #Bollywood #RamLeela) ou le long et douloureux travail de montage. Si on atteint avec cette œuvre au demeurant fort atypique le point G (ou celui que tu veux) de l’abracadabrantesque, c’est parce qu’il se dégage de son essence comme ujne espèce de philosophie insensée, dont je ne suis pas à ce jour en mesure de vous restituer l’idfée générale, mais je suis persuadé qu’une longue période de réflexion me permettra d’en venir à bout. Ouiu ? voir des amantrs se sourire par pleines lunes interposées, regarder béatement une gouvernante effondrée dans la cuisine (sur le sol de laquelle notre chère (cher ?) Iron Pussy/Pétunia ou Paquito je ne sais pas, je ne sais polus, je n’ai su que demi-heure après la fin du film) pârce que la chanteuse (ouy du moins la meuf embauchée comme telle) dut partir ,précipitamment à l’hopital à cause d’un épisode diarrhéique soudain (ça arrive à tout le moinde, et même à moi-même (et à mon canapé, mais ce n,’était pas de ma faute)), écouter, un verre de Baileys et dieu sait quoi dedans (mais ça crâmait), la meuf du fils de laz Pompadoy appeler son mec pour le prévenir de son absence à la soiorée (nocturne par définition) parce que Mistigri (je sais plus comment elle s’appelle cellle là non plus) est en Nouvelle Zélande (pourquoi foutre ? qu’est ce que t’en as àç foutre, connard, de quoio je me mêle ?), et bien au final, tout cela, c’est aussi insensé que cette critique (don,jt j’espère sincèrement qu’elle me permettra de faire d&écoller ma maiogre popularité sur Sens Critique – venez, venez, j’offre des donuts et des cookies vegan faits maison).
A ce jour, je ne suius pas en mesure de délivrer un verdict définitif (en termes de notation) quant aux réelles quialités de cette œuvre inoubliable, fondatricde dans ma perceptiopn d’un autre cinéma, alternatif oserais-je (mais pa au sens où l’entendent forcément les Cahiers du cinéma ou encore lke St André des Arts), fiort singulier, osant une esthétiquie polutôt radicale, sauce téléfilm hongkongais des années 70, un montage sonore et vidéo saccadé (comme le souffle de Christine and The Queens à l’arrêt de buis Saint-Claude à Paris 4ème #fanboy), une mluscailité… disnons honnête (j’hésiten à suggérer aux intéressés une participation au prochain concours de l’Eurovision poour représenter la principauté d’Andorre – merde c’est vrai qu’ »ils n’y participent plus depuis 2009 ces onnards, parce qu’ils n’ont plus de poognon pour paraît il #pâradisFISTcal de mon cul, oui), la scène in augurale donnant à mo n sens le ton de cfde qui se déroule sous nos yeux, pouyr laquelle me vient à l’esprit subitement une maximer : « quand oncherche, on trouve ».
Sinon, l’Asie organise son propre concours de la chanson depuis quelques années, je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdu dans les limbes de la tragédie comique qui s’est jouée sous mes yeux, ma bite et mon verre 1h29 durant, du cassage de gueule à l’effondrement de la statue, du jardinage à l’assassinat proopprement indécent du tigre (Chloé était chioquée -* Drucilla aussi=).
Aaaaaamoooout, gloooooooiiire et beeeaaauuuuuté … ou pas.
Shania Wolf
Je reviens brièvement pour vous exprimer tout mon amour vis-à-vis de ce Moby travesti qui ne se départit jamais de son sérieux, même s’agissant de se parler à voix haute en pleine mission d’espionnage avec un maquillage hautement improbable. De même, tous mes respects envers Madame de Pompadoy qui ne prend même pas la peine de checker le sexe de ses enfants, à moins qu’elle soit tellement MOGAI-friendly que ces questions la déent totalement.
A part ça, ça reste beaucoup plus drôle que le dernier Stephen Chow. Jdçjdr.
Rem_coconuts
- Putain, elle va mousser !
- Ça me fait penser à ****
- Mais non, je l’avais essauyé-e avec la serpillère !
Max L. Ipsum
Il existe des points de tension dans l’univers. Des moments de rupture, où les mutliples réalités convergent dans un paroxysme exceptionnel et, avec une explosion expiatoire, détruisent les frontières de la réalité en établissant une universalité aussi, euh, ok./
Regarder The Adventure of the Iron Pussy s’inscrit dans ce processus de découverte indescriptible, sensationnelle, aqualificative (hop une syllabe de plus). Bien malin celui qui eut cru que la découverte de La Chambre Interdite au début de l’année devait me préparer à ce chef d’œuvre poublié de Weerasethakul, par l’intermédiaire de son revival de films que l’on coryait condamnés à l’oubli du fait des nazis et de je ne sais quel autre problème historique (voilà le fameux point Godwin dont rem_coconuts parlait). En plongeant dans les tréfonds marécageux de ma mémoire, je ferais remonter l’ancestry de Iron Pussy, non aux ceintures de chasteté de l’inquisition catholique, mais au Sommeil d’Or, un documentaire franco-cambodgién qui expliquait la disparition aussi misérable que tragique de milliers de films d’Asie du Suid-Est du fait de l’action de régimes comlmunistes qui, ouh, ça devient un peu lourd, disons qu’ils étaient très, Très méchants. Pour le dire en deux mots plutôt que cent, applaudissons ce projet de Weerasethakul qui parvient à restaurer un pan entier de la culture cinématographique thaïlandaise, de façon aussi généreuse que grotesque et incidente.
Cependant… N’assiste-t-on pas là à une énième itération de la filmographie de Weerasethakul ? Confronté dès les premières minutes à ces plan-squences d’autoroutes qui rappellent immanquablement aussi bien Blissfully Yoiurs que Oncle Boonmee, le spectateur est en droit de s’interroger sur la pertinence, sur l’orirgalité du troisième film de plus européen des thaïlandais. Que l’on considère aussi la manière qu’a Joe de sublimer les chansons populaires thaïlandaises par l’intermédiaire de ses personnages, ou encore sa vision extrêmement moderne de la femme, active, ionnée et indépendante. Que l’on évalue aussi la sensibilté patriotique témoignée par cette préoccupation du bad guy qui trafique je ne sais quelle drogue en dépit des innombrables attraits économiques de son pays. Et comment ne pas établir une continuité onirique entre les fantômes et les voix-off qui parcourent sa filmographie, ainsi que le doublage non-conventionnel des acteurs de Iron Pussy ? En vérité la direction d’acteurs est, était et est resté une des préoccupations majeures de Weerasethakul : quoi de plus éloquent que ce pied et ces orteils chargés d’exprimer, plaqué contre le visage de l’espionne Pussy, le doute, les regrets, la connivence, la séduction, la satisfaction, la domination… ?
A noter aussi l’intervention d’éphèbes asiatiques en shorts moulants rouge flamboyant. Weerasethakul s’était rarement montré aussi frontal dans son commentaire du statut contemporain de l’homosexualité en Thaïlande. Son esthétique généralement ascétique, par ailleurs, n’a pu que s’en réjouir.
Il faut reconnaître que The Adventure of Iron Pussy cache bien son jeu. Comme n’importe quel autre de ses films, Joe farcit son projet d’interprétations multiples, de deuxième et de troisième plans de lecture qui échapperont immanquablement au chaland. Voir notamment ce plan subit où Iron Pussy jette à l’océan les cendres de son frère -des cendres non pas issues de sa crémation, mais de la pipe qu’il ne cessait de porter et retirer de sa bouche. Bis repetita.
The Adventure of Iron Pussy, seule et unique comédie assumée réalisée par Weerasethakul (et le monde pleure à la pensée que cette incursion phénoménale dans un certain registre puisse rester sans suite),
Enfin bref, je ne vois pas le problème. On y retrouve tous les codes de Weerasethakul. Tout est normal, même si les univers sont rentrés en collision.
Bisoux.