Adam McKay ne m'avait jamais vraiment intrigué jusqu'à présent. Ses comédies avec Will Ferrel avaient beau jouir d'un certain prestige, mais n'ayant pas été emballés par ce que j'avais vu de lui jusqu'à présent, cela m'emballait encore moins. Ce qui m'a poussé à entamer le visionnage de ce The Big Short, c'est parce que je suis en train de lire Larry et moi de Denis Robert et, car la crise des subprimes, ainsi que le film, y est évoqué à plusieurs reprises.
Bref, 3615 my life… j'ai été très surpris par ce The Big Short, en bien, je précise. Le long-métrage est bourré de bonnes idées, possède cette force qui est à la fois d'être didactique et drôle. Le réal' n'hésite par exemple pas à couper son film en plein milieu, à briser le quatrième mur, pour expliquer ce dont quoi il est question, comment fonctionne tel ou tel produit, le tout en faisant appel à des personnes plus ou moins spécialisées, notamment un théoricien de la finance comportementale et Selena Gomez pour nous expliquer comment fonctionnent les CDO synthétique (j'adore, au age, le fait que le film nous balance le CV des deux personnalités, avec un assez chargé pour la première, alors qu'inconnue, face à un laconique « International Pop Star » pour la seconde).
Une autre force du long-métrage est qu'il est un biopic qu'il a conscience qu'il en est un… à travers cette phrase complètement ridicule, ce que je veux dire par là, c'est qu'il ne tente à aucun moment de nous faire croire que tout ce qu'on voit s'est réellement é, il n'y a aucune volonté de tromper le spectateur… encore une fois, lors de plusieurs séquences durant lesquelles le film triche avec la réalité, un personnage n'hésite pas à briser le quatrième mur pour nous le signifier. Le plus ironique là-dedans, c'est que The Big Short est bien plus proche de la réalité qu'une écrasante majorité d'autres films du genre qui, pourtant, tentent vainement de nous faire croire qu'ils sont ancrés dans la réalité.
Il y a une volonté d'aller droit au but dans The Big Short, choix judicieux, car le film aurait perdu tout le monde sinon. En cela, j'ai trouvé très intéressante la manière que McKay utilise pour expliquer pourquoi deux des groupes que l'on suit, mais qui toutefois ne se rencontreront jamais, décident de partir à Las Vegas (il s'agit d'un film choral au cas où vous ne l'auriez pas compris jusque-là) : il e ainsi par un montage parallèle durant lequel les deux groupes se répondent l'un l'autre, justifiant chacun la raison derrière leur voyage dans la ville californienne.
Seuls défauts de ce Casse du siècle, premièrement, il fait très « premier film » à bien des égards. On va dire que ça va de pair avec le tournant pris par McKay avec ce film (à moins que je me trompe, ses précédents films semblaient naviguer dans un tout autre genre), mais le long a tendance à er d'un registre à l'autre : biopic, purement documentaire, mockumentaire à la The Office… privilège du micro sur le macro, Adam McKay a préféré rendre chaque scène compréhensible, la tourner comme il le souhaitait, quitte à sensiblement faire au tout de la cohérence. Autre défaut, encore moins compréhensible, le long a une sorte de léger grain qui fait un peu dégueulasse par moment… sauf que ç'a été tourné en numérique. Je ne sais pas si c'est intentionnel (à ce compte-là, pourquoi ?) ou si ça provient des caméras (à ce compte-là aussi, pourquoi ?), reste que le résultat fait un peu dégueu par moment. Enfin, Brad Pitt vole l'affiche (au sens propre) à deux autres acteurs, qui n'ont malheureusement pas la chance d'être aussi connu que lui pour pouvoir y apparaitre, alors qu'ils ont deux rôles bien plus importants que le sien, tout ça pour qu'il puisse se donner le bon rôle. C'est con, c'est de toute façon lui qu'on retiendra le moins de tout le film. Enfin, la fin vire un peu trop moralisatrice, ou, en tous cas, n'est pas d'une grande subtilité… m'enfin, vu l'état du monde actuellement, je crois qu'il n'y a pas trop besoin de rentrer dans les détails pour comprendre que ça pue.
Bref, une très bonne surprise que fut ce The Big Short : didactique, amusant, bourré de bonnes idées. À noter que le long ne fait pas l'erreur d'iconiser ses personnages, alors qu'il y avait matière à tomber dans ce piège.
C'est peut-être la plus grande réussite d'Adam McKay avec ce film : il m'a donné envie de voir d'autres de ses films, Vice et Don't Look Up d'une part, qui semble être dans la continuité de la rupture prise avec le film dont il est question dans cette critique, mais aussi ses premiers films, qui ne me faisaient pas trop d'œil jusque-là.