The Brutalist est incontestablement une de mes plus grandes déceptions au cinéma.
La promesse de l'épopée d'un réfugié hongrois, voulant partager son amour pour un style architectural aussi unique que le brutalisme, le tout dans le pays briseur de rêves que sont les États-Unis... avait de quoi séduire.
Mais qu'est-ce que c'est vide. La forme est fabuleuse, pas de problème - la photographie est somptueuse, nombre de plans sont inventifs ou impressionnants, et les décors sont en grande partie réussis.
Mais ce film ne raconte presque rien. Rien sur l'architecture, rien sur le brutalisme, rien sur le lien entre art et politique, rien sur le poids du système capitaliste sur la liberté créative et artistique, rien sur l'opposition entre le système Américain et la pureté de l'art / la vision de l'artiste.
On se retrouve avec une sorte de drame familial d'une famille immigrée qui tombe sur le mauvais gars. Certes, c'est un riche égoïste et abusif (pardon pour ce pléonasme), mais le cadre est beaucoup trop restreint pour qu'on puisse tirer de cette oeuvre une vraie critique sociale. Tout est beaucoup trop brouillon, sous-développé, pour que ça mérite une immense fresque de 3h40 (avec entracte) dont le propos n'égale donc absolument pas la grandeur des images.
Ce qui a enfoncé le clou, c'est cette dernière scène d'une lourdeur incommensurable. Déjà, je déteste ces épilogues se déroulant des décennies plus tard, parce qu'ils n'ont souvent pas d'utilité et ne font qu'expliciter le propos censé être développé tout le reste du film (comme dans Je Suis Toujours Là récemment). Mais là, c'est vraiment de mauvais goût, on nous le présente comme une sorte de résumé de l'oeuvre, bancal, qui évoque certains sujets fièrement alors qu'ils sont justement complètement laissés de côté pendant 3h30.
Rarement vu un film avec un écart aussi abyssal entre son fond et sa forme.