Quand jadis Wong Kar Wai s'est attaqué au Wu Xia Pian, il en a perverti la nature pour parler des hommes détruits qui se cachent derrière les figures légendaires. Les Cendres du Temps n'était, de facto, pas un Wu Xia Pian pur jus, mais une étude de caractères qui n'empruntait au genre que sa forme.
N'ayant par la suite plus frayé avec ce genre, on pouvait légitimement se demander ou sa vision du Maître Ip Man allait l'emmener... Une première bande-annonce de combat sous la pluie moche a pleurer est venue instaurer un sentiment de crainte : et si Maître Wong faisait fausse route ? Que resterait-il de la magie des Cendres du Temps sans sa pensée claire et son sens de l'esthétique ?
Par la suite, diverses interviews et d'autres bandes annonces semblaient indiquer que le film avait de quoi se diriger vers son illustre aîné. D'autant que la concurrence est rude, il y a déjà eu trois autres films sur Ip Man !
Alors je m'y rends, rasséréné... Et la c'est le drame.
La bagarre sous la pluie dégueulasse ouvre le bal et imprimera tout le métrage de sa façon de faire. Vous verrez dans ce film les pires ralentis enregistrés de mémoire, les racords les plus monstrueux, la géographie la plus sacrifiée, bref du travail de sagouin trisomique, à mi-chemin entre Scorsese et Christophe Gans.
La pose de la lumière est a chier, l'étalonnage aléatoire, la musique envahissante sombre dès que possible dans le pathos, voire avant, et le scénario enchaîne les affrontements en tous points tous semblables, sans aucun soucis de structure ni de clarté... ce film m'a volé mon âme !
Putain Wong, quoi merde ! Je pensais qu'on pouvait te faire confiance !