M. «K-Wai» ne voulait pas se mouiller et a pris le temps d'arroser ses acteurs (et probablement ses techniciens et le matériel de location), seulement il a oublié de revêtir son invention (le k-way !!!) bien pratique pour éviter de se noyer sous une trombe de poncifs visuels aux cadres certes bien léchés (merci la ! Cf. chef op. Philippe Le Sourd) dès qu'il s'agit de gros plans ou de scènes de nuit. En revanche, dès que la lumière du jour ou l'artificielle d'intérieur s'allume trop, le numérique devient crade. Même si l'ensemble se veut être une succession de belles photos, il a loupé l'effet recherché, plus particulièrement avec sa pluie artificielle qui dégouline, autant sur les rebords de l'écran que ceux de l'affiche, afin d'appuyer plus encore sur la corde sensible du spectateur inondé d'images de personnages aux vies faites de renoncements et de tragédies… allez ! mon producteur a banqué un max pour qu'il pleuve tout le film, alors on tire la larme…
Et le scénar sinon ? Eh bien, le film noie plutôt le poisson… Évidemment, l'histoire et l'Histoire sont mixées dans un ensemble assez foutraque qui laisse toute personne, n'ayant pas obtenu son DEUG sur la civilisation chinoise post-impériale, sur le banc de l'abribus. Mais bon, on ne peut pas tout savoir (puisqu'on ne sait rien !). Ok, on ne subit pas de la scène de combat à chaque pixel déployé, pourquoi pas ! On retrouve en fait une histoire d'amour ratée (dans ce cas-là, plutôt voir «Drive») avec le potentiel d'une triangulaire dont un des sommets (le triangle hein ! Il faut suivre…) aurait été effacé à coup de tatanes sur l'encrier («il ne fallait rien cassé !», «j'ai gagné !» [discours de Gong Er jouée par Zhang Ziyi] et ton rôle ne servira à rien car il y avait trop de flotte dans l'encrier pour que le scénariste puisse en écrire plus de 3 lignes) : pourquoi intégrer «La Lame» alors que dramaturgiquement il n'apporte aucune utilité au déroulement pseudo-méditatif du métrage ? Le reste n'est qu'ellipse absconse, laïus sur l'horizontalité et la verticalité du kung-fu porté au rang d'art absolu, intemporel et, comme l'art contemporain, aux démonstrations éphémères et amenées à disparaître (cf. les 64 mains), ou bien encore, silences moites…
Je ne reviendrais pas sur la narration dépouillée de chronologie pour faire chic, de sens pour faire intello et de but pour faire artiste ; ou la probable grève des maquilleurs qui ont, eux aussi, pataugé dans leurs fonds de teint pour ne pas réussir à rendre crédible l'âge des personnages. Non, franchement, je ne retiens pas grand chose de positif, hormis les scènes de combat (et il y en a trop peu !), pour sauver The Grandmaster du naufrage !
Bref, plutôt de quoi naviguer en eaux troubles, même s'il évite le biopic surdocumenté et inable, il en perd son mandarin ! Et nous, sombres européens nous rappelons encore une fois que, décidément, quand on nous parle chinois…