Contrairement aux deux premiers opus, le brillant réalisateur Matthew Vaughn change complètement la formule d'une des franchises cinématographiques d'espionnage les plus phénoménales de nos jours, en concentrant le troisième opus des Kingsman dans un contexte plus historique que les précédents volets. Du coup ! Il faut absolument oublier la sauce délirante et l'ambiance déjantée des deux premiers. Là, on part sur un long-métrage plus strict et plus sérieux, ce qui est une bonne chose, car le second opus a pas mal déçu les fans pour son rythme mal réglé et la mauvaise interprétation ou exploitation de certains protagonistes.
Sur ce point, j'étais assez rassurant et je savais bien que le réalisateur n'était pas du genre à foutre en l'air un de ses projets, surtout que c'est bien la première fois qu'il prolonge une de ses franchises. Ce dernier avait surtout une grande envie de retrouver une partie de son enfance en mettant en œuvre une production dans un univers similaire à celui de Lawrence d'Arabie, tout en reprenant les films de combat à l'épée du même style que celui de l'acteur Errol Flynn. Il faut dire que c'est une formule qui marche sans accroc, on assiste pour la première fois à des combats à l'épée et très franchement, j'accroche bien mieux à ce genre de spectacle que celui des deux premiers films bourrés de fusillades ou de combats d'arts martiaux.
En visionnant les combats à l'épée, on peut noter une belle recherche des coups à l'épée, d'autant que l'on ne néglige pas ce qui a fait un peu le succès des deux premiers, c'est-à-dire une incroyable fluidité des mouvements, de la projection démesurée, des coups très réalistes et de l'accompagnement musical toujours aussi bien choisi. Il faut dire que cette réussite technique et visuelle doit beaucoup à l'époustouflante et magnifique interprétation d'un Ralph Fiennes qui pue le total charisme. On sent bien qu'il est fait pour ce genre de rôle, cela se ressent direct dès les premières scènes. Le reste du casting est aussi satisfaisant que le premier. On a un Djimon Hounsou qui porte bien assistance à Ralph Fiennes, une Gemma Arterton qui dessine une magnifique femme mature et autoritaire, bien que je la trouve un peu sous-exploitée et surtout un Rhys Ifans qui campe un incroyable et étourdissant Raspoutine.
De plus, pour bien mettre ses personnages dans le feu de l'action, le metteur en scène n'a pas choisi une période de l'histoire au hasard, il a choisi l'une des plus violentes et les plus impardonnables, celle de la Première Guerre mondiale, tout en mettant en scène des faits réels comme l'assassinat de François-ferdinand ou la séduction magnétique de l'espionne Mata Hari. Le rythme est fait pour que le public assiste à une production très divertissante et bien explosive, avec des décors soigneusement bien reconstruits et une position de la caméra toujours aussi judicieuse. On est donc devant un cocktail jouissif et qui ne manque pas d'inventivité, malgré quelques moments narratifs un peu lourds et une once d'imprévisibilité qui se ressent à certains moments. Pas aussi marquant que le premier mais ce troisième opus fait néanmoins mieux que le second opus, mêlant à la perfection les codes de films d'espionnage et de films historiques. 7/10
Un gentleman ne se cache pas dans le noir.