Après le succès de son Longlegs, l'annonce d'un film d'Oz Perkins a au moins la capacité de rendre curieux, voir impatient. Tandis que l'objet de la possession, un singe en peluche jouant du tambour, a le physique de l'emploi et pourra facilement redre la poupée Annabelle dans un top des jouets que l'on n'aurait jamais l'idée d'offrir à un enfant tellement il est moche.
Tout cela pour dire qu'en entrant dans la salle, il y a matière à se montrer confiant, car l'on est censément en de bonnes mains. Le début de l'aventure le confirme, tant elle s'inscrit dans les pas d'un opus de la franchise Destination Finale. Et que l'on attend avec un plaisir goulu la prochaine mort mise en scène par l'ami Oz.
Les plus capés, eux, feront remonter le souvenir d'un épisode de la cinquième saison de La Quatrième Dimension, intitulé La Poupée Vivante, le temps d'une séquence de démembrement angoissante, démontrant que le réalisateur connaît ses classiques.
The Monkey se montre aussi étrange dans la mesure où il mène sa barque entre deux ambiances : le gore grand guignol qui dessinera en plus d'une occasion un sacré sourire et une ambiance bizarre confinant à un malaise indéfinissable, participant à l'empathie éprouvée dans l'évocation des traumas de l'enfance qui semble aussi chère au metteur en scène qu'à l'écrivain dont il s'empare du récit.
Le film procure ainsi un certain plaisir dans ce décalage que l'on n'attendait pas vraiment de Oz Perkins, que l'on croit dans un premier temps vouloir se renouveler.
Mais à bien y réfléchir, il faut peut être plutôt craindre que l'artiste ne s'efface devant ses producteurs, comme s'il fallait aller droit à l'essentiel dans ce The Monkey, au prix de la perte de ce qui faisait certainement tout le sel de son cinéma, que certains vous décriront comme inutilement lancinant et cryptique. Sauf que le style abandonné aurait pu concourir, au contraire, à rendre l'atmosphère de l'oeuvre encore plus parallèle et décalée.
D'autant plus qu'à mesure que The Monkey avance vers son final, il semble littéralement échapper des mains de son réalisateur. Pas totalement de sa faute, à la réflexion. Mais entre personnages pas très utiles, explications nébuleuses du fonctionnement de la malédiction et autre volte-face dans le comportement de l'antagoniste, le film perd une sacrée part de son intensité, ce qu'une dernière scène et un gag macabre ne rachèteront que très partiellement.
Et s'il restera à la fin de la séance le plaisir non dissimulé procuré par cette succession de mises à mort offertes, un goût d'inachevé, voire de déception, restera aussi longtemps en bouche. Car l'on attendait sans doute bien plus d'une l'association Stephen King / Osgood Perkins dans le registre du fantastique et de la plongée dans le thème des douleurs de l'enfance.
Behind_the_Mask, ♪♫ C'est la mort qui t'a assassiné...