Comment ? Comment avec ce qui est sensiblement le même pitch de base un film arrive-t-il a être si éloigné de son grand frère ? C'est la question qu'on est légitimement en droit de se poser quand on voit l'écart astronomique entre Suicide Squad premier du nom, et ce "The" Suicide Squad, soit la nuit la plus sombre face au rayon de soleil au zénith, l'un des plus gros raté du genre de ces dernières années face à ce qui est peut-être une des plus grosses réussites depuis un bon moment.
En fait, ça ne tenait à pas grand chose. Il a suffit de reprendre le premier film, et d'en faire ce qu'il aurait du être, soit un gros défouloir violent et sans complexe, mais surtout d'assumer le fait de devoir composer avec des personnages qui ne sont même pas secondaires, ni même tertiaire au sein de leur univers, mais qui appartiennent plutôt aux fonds de tiroir de DC. Et pas le tiroir du bureau du scénariste, non non, plutôt celui sous le lavabo des chiottes où on stocke le PQ. Ainsi, TSS propose une mission commando avec des personnages complètement claqués au sols, et qui sont même des clones de personnages déjà existants. Mais la magie, c'est que ces personnages, tout sacrifiables qu'ils sont par la nature même de leur mission, bah on va s'y attacher quand même. Parce que là où le premier film avait décidé de faire un all-in sur Harley Quinn et Deadshot, au détriment de tous les autres, les cartes sont ici bien mieux distribuées.
Chaque personnage de cette nouvelle Suicide Squad a le droit à ses moments. Souvent comique, certes, mais également de bravoure, de tendresse et de grande classe. Même Harley, dont on pourrait craindre les travers de monopolisation du temps de présence du premier film, est ici utilisée avec grande justesse, juste ce qu'il faut pour contenter ceux qui ne peuvent plus se er d'elle sans bouffer toute la place des autres. Dans ce joyeux bordel haut en couleur, le film glisse comme ça au détour d'un dialogue, d'une petite scène quelques instants d'émotion qui font du bien. Et au final, quand un de ces couillons de seconde zone, un de ces personnages que personne n'avait demandé à voir sur grand écran et que même leur créateurs avaient sans doute oublier, meurt brutalement, bah on se surprend à se sentir mal, même si le film ne lésine pas sur l'humour bien gras et l'action jouissive.
En bref, TSS est une comédie bien conne et un film d'action écervelé, mais c'est surtout un hommage à tout les parias, les oubliés, les ratés, les losers, les branques de ce monde, aussi insignifiants et méprisés soient-ils. Parce que si un mec dont le pouvoir est littéralement de lancer des pois colorés a réussi à avoir une importance, alors n'importe qui le peut. Si avec un tel casting de personnage qui, sur le papier, n'a pas la moindre once de crédibilité, on peut tirer de vrais instants de beauté, alors tout est possible.
Mention spéciale à la soundtrack qui est très qualitative, que ce soit dans les choix des chansons ou pour les morceaux originaux. Notamment une scène en particulier qui, en plus d'exposer le message du paragraphe du dessus, est véritablement sublimée par la musique.
Mais je sais pas pourquoi je m'emmerde à développer, dans les faits le film m'a conquis dès l'instant où il a buté le personnage de Jai Courtney dans les 10 premières minutes.