Second long métrage de Costa-Gavras Un homme de trop est de ces films à la fois moralement limpide et techniquement implacable. S'inscrivant dans la veine du film de guerre ledit métrage préfigure à sa façon certains codes du survival, tout en ménageant le suspense au travers de la figure titulaire incarnée par Michel Piccoli.
Reprenant - dans l'esprit du moins - la mécanique des enjeux du Lifeboat d'Alfred Hitchcock Costa-Gavras installe la figure trouble d'un anonyme au centre d'une tribu de maquisards pour le moins typée : entre un Jean-Claude Brialy à l'allure acrimonieuse, un Bruno Cremer intrépide ou encore un Jacques Perrin impeccable en second couteau la Résistance représentée par le réalisateur est d'une bravoure sans équivoque. En démarrant son film pratiquement sur les chapeaux de roues au travers d'une séquence de sauvetage mêlée d'explosions et de mitraille Costa-Gavras nous plonge d'emblée dans un thriller fort de café, à l'action irablement filmée et au mystère parfaitement distillé.
Michel Piccoli, extraordinaire en homme de trop, reste le point névralgique du récit ; la description historique, idéalement traduite par une direction artistique de premier choix, s'avère quant à elle ionnante dans ses innombrables détails. A noter la présence de Charles Vanel, de Pierre Clémenti ou encore du confidentiel Med Hondo au générique d'un film à l'agencement solide et virtuose. On regrette simplement l'absence quasi-totale de figure féminine au coeur de ce suspense fleurant bon l'amitié virile et la loyauté masculine mise à l'épreuve. Grand film en fin de compte...