Rebelle et automate

C'est presque un one woman show que nous fait Blanche Gardin dans ce Monde merveilleux. En volant un robot dans un EHPAD, elle compte le revendre en pièces détachées mais se rend compte que le modèle est trop ancien, alors elle décide de le garder pour elle et sa fille.

Comédie sociale aux allures de Kervern/Delépine, mettant en scène une prof qui a été remplacée par un robot, comme tout le monde, le film parvient à créer un burlesque de l'automate obsolescent. Dès les premières minutes, en arrière-plan un robot-éboueur jette un sac poubelle à côté du bac, le déchirant et déversant son contenu sur le trottoir. Par ailleurs, le premier mot qu'on entend prononcé par le robot T-0, c'est "euthanasie", joué au Scrabble face à un patient de l'EHPAD. Le mot n'est pas anodin, quand on parle d'obsolescence (dé)programmée et de société déshumanisée. Ce constat aurait de quoi faire déprimer si le ton n'était pas au comique.

Le robot de la bien-pensance face à Blanche Gardin, assez éloignée de ces codes sociaux, voilà ce qui fait dérailler à la fois le programme du robot, qui apprend à transgresser, et Blanche Gardin, mère en quête de sa fille confisquée, qui apprend à se ranger. Pendant les trois quarts du film, cette dynamique crée un comique aussi incorrect qu'émouvant. Car le trio mère, fille, robot, fonctionne très bien ensemble. Le dernier quart est un peu plus sage, un peu trop conventionnel, les enjeux narratifs retrouvent soudain un sérieux trop éloigné du début, jusqu'à ce que l'épilogue marin retrouve sa saveur tendre, comique et décalée sur notre méconnaissance du monde vivant.

Un monde merveilleux est donc à interroger. Est-ce le monde qu'on nous vend ou le monde qu'on vit, qui est merveilleux ? Le monde réel, ou le monde du film ? On n'aura aucune réponse.

6
Écrit par

Créée

le 22 mai 2025

Critique lue 1 fois

Dormir_Debout

Écrit par

Critique lue 1 fois

D'autres avis sur Un monde merveilleux

Tech 2 Interactive

Il n'y a pas longtemps à s'interroger sur ce qui a pu attirer Blanche Gardin lors de la lecture du scénario d'Un Monde Merveilleux, elle qui ne fait pas grand mystère de ses « sympathies »... Ce...

le 20 mai 2025

4 j'aime

Les robots sont nos amis

Derrière son titre quelque peu ironique, le film de Giulio Callegari nous offre une comédie aux allures de road-movie, portée par une Blanche Gardin parfaite dans le rôle de cette mère aussi...

Par

le 7 mai 2025

4 j'aime

Lourdeur non necessaire et message flou

J'ai vu ce film aujourd'hui dans le cadre du festival de sf de Nantes ... et alors premier gros mauvais point ... ça se voit que celui qui a ecrit ce film est un mec ... parce que les blagues de...

Par

le 1 nov. 2024

4 j'aime

1

Du même critique

Peau noire et blouse blanche

Fanon de Jean-Claude Barny est un biopic qui a le mérite de déer son personnage pour investir le contexte et incarner une philosophie, celle de Frantz Fanon, psychiatre martiniquais muté en...

le 9 avr. 2025

7 j'aime

6

Zola et Polanski

La faute de l’abbé Mouret. Roman Polanski est un gros dégueulasse. Roman Polanski est aussi un immense réalisateur (The Ghostwriter, Rosemary’s baby, The Pianist). A l’époque de Zola, le célèbre...

le 15 nov. 2019

6 j'aime

3

La religieuse ou la putain

Sans connaissance de l'oeuvre de Monsieur Mouret, ni du roman de Monsieur Diderot dont seul le titre m'était familier c'est plutôt Monsieur Baer qui m'a attiré vers le cinéma. J'avais envie qu'il me...

le 19 sept. 2018

4 j'aime

1