Une fois accepté le pari kamikaze d’occuper deux heures pour un film de et avec Franck Dubosc, il faut être honnête : cet Ours dans le Jura est une réussite. Si son ton évoque (vaguement) Fargo, son scénario apparait davantage comme la version humour noir du Plan simple de Sam Raimi. Mais à la différence du film de Raimi qui était noir comme l’encre et pas drôle (vraiment pas…), son univers absurde et son humour noir donnent à cet Ours une identité propre.
Le scénario est construit et travaillé. Ce qui fait que le film ne s’essouffle pas é 30 minutes, et reste prenant tout du long. Les situations sont à la fois attendues mais surprenantes, les dialogues sonnent juste en dépit qu’ils soient décalés, et l’interprétation n’est pas le cabotinage bas de gamme qu’on pouvait redouter. Seul vrai hic : les méchants gangsters, affreusement téléphonés, sont le point – très - faible du film. Mais bon, leur contribution est limitée... Car ce qui importe, c’est le microcosme du village : son curé, son gendarme, ses habitudes, et ainsi de suite... Donc plus inattendu, la mise en scène est là. Car la grande force du film, c’est de mettre en scène tout du long des gestes anodins, quotidiens, ou absurdes au sens de Ionesco qui, vu le contexte, paraissent soit marrants, soit donnent un parfum de vrai à l’ensemble.
En clair, Franck Dubosc doit arrêter direct les comédies lourdingues pour rester dans une veine similaire. Parce que de façon assez inattendue, et à la différence du pick-up de son personnage, son film, lui, tient clairement la route.