Ressemblant au film français Deux (Filippo Meneghetti) film qui est sorti en toute discrétion un mois avant le premier confinement et dont le succès inattendu à l’international l’a poussé jusqu’à représenter la aux Oscars, Un Printemps à Hong-Kong, troisième long-métrage de Ray Yeung, a connu une large diffusion ainsi qu’une reconnaissance certaine, notamment en Asie, là où il a obtenu de nombreuses récompenses dans les festivals. Quelques années après sa première diffusion, le voilà bloqué dans le catalogue des films en attentes de la réouverture des cinémas français.
Le réalisateur de Hong Kong, Ray Yeung, peint avec douceur, le double portrait émouvant d’un couple gay dans ses années d’or, retraité ou en e de l’être. À l’approche de la soixantaine, Pak, chauffeur de taxi et Hoi, récent retraité, sont deux homosexuels âgés qui luttent toujours avec leur identité et leur quête du bonheur. Bien que tardive, cette tentative de fuite à demi assumée des injonctions quotidiennes, sociales et familiales, tend à rendre à ses hommes, par cette incursion dans le bonheur, leur dignité, qu’elle soit individuelle dans l’acceptation de soi ou collective par la camaraderie voire l’amour. D’un regard bienveillant et avisé, le réalisateur brosse avec fluidité les dynamiques sociales qui nous impactent et comment nous y répondons, et trouve de l’espace pour se prélasser dans les plaisirs simples, la générosité gratuite, l’art culinaire et l’amour charnel.
Bien que leur première rencontre soit un échec, Pak, père marié de deux enfants adultes et Hoi, père divorcé qui vit sous le même toit que son fils et sa petite famille, vivent une romance qui reste secrète aux oreilles de leur famille respective. Les événements auxquels ils font face et les personnages qui les entourent sont autant d’excuses valables pour qu’ils taisent leur relation prudente, devant constamment trouver un équilibre entre vivre authentiquement et vivre seul. Dans la simplicité de sa narration ainsi que dans la réalisation des diverses séquences du film dorlotées par une musique poétique, Ray Yeung tisse une berceuse cinématographique, douce et agréable, dans laquelle les petites tragédies se mêlent à l’expérience du don ainsi qu'à une critique acérée de la discrimination en cours, qu’elle soit fondée sur l’âge ou la sexualité.