Victor Young Perez par Sarah Lehu
Premier long métrage de Jacques Ouaniche qui était jusqu'à présent connu en tant que producteur (de la série Maison Close notamment ou encore de L'esquive, le premier long métrage d'Abdellatif Kechiche,) Victor Young Perez est un biopic prometteur sur le papier mais malheureusement très décevant à l'image. Retour sur le propos et explications.
Jacques Ouaniche met en scène la vie de Victor Young Perez un tunisien de confession juive, célèbre champion du monde de la catégorie poids mouches, qui fût déporté dans le camp
d'Auschwitz en 1943 suite à une dénonciation alors qu'il résidait en . Le camp dans lequel il fut affecté avais la particularité d'être dirigé par un commandant fan de boxe qui le fit combattre à plusieurs reprises (dans la réalité historique, nous ne le voyons combattre qu'une seule fois dans le film) contre des SS devant une foule de déportés et avec pour décor morbide la sombre fumée des fours crématoires. Victor Young Perez fit preuve d'une détermination et d'une rage de vivre à toute épreuve, il sortît vivant des camps. Cependant, il fût tragiquement fusillé durant une marche de la mort en 1945.
Avec ce film, Jacques Ouaniche s'attaque à un sujet lourd et au fort potentiel émotionnel. Le parcours de Victor Young Perez aborde de deux sujets : la boxe et la seconde Guerre mondiale, maintes fois traités au cinéma y compris par les plus grands cinéastes. L'originalité et la force de cette histoire réside dans le fait qu'elle combine ces deux sujets incarnés qui plus est par un héros tunisien et juif. Bref, beaucoup de possibilités s'offraient au réalisateur pour traiter cette histoire de façon inédite et apporter un peu de renouveau au de films traitants de la tragique seconde guerre mondiale.
Victor Young Perez apparaît au premier abord comme une grosse production, l'image est soignée même si l'on peut lui reprocher une esthétique un peu vieillotte due certainement au désir de Jacques Ouaniche de se rapprocher de l'esthétique des films des années 30-40 donnant aux images une couleur jaunâtre. Les moyens déployés sont manifestement importants et pourtant, cela ne suffit pas à sauver le film d'une platitude et d'un amateurisme déconcertants.
Ces défauts sont avant tout dus au manque cruel d'imagination déployé par Jacques Ouaniche pour raconter cette histoire. Je ne doute pas de ses bonnes intentions et de la réelle envie de toute l'équipe du film de mettre en lumière l'émouvante histoire de ce boxer plein de courage mais le résultat est décevant.
L'intrigue suit un chemin tout tracé et les scènes de combats suivent le même schéma interdisant tout effet de surprise. Tout est préparé, pré-maché pour le spectateur, rendant le tout peu intéressant. La musique quasi-constante nous souligne à outrance le potentiel dramatique des scènes et rend les interactions entre les personnages niaises et convenues. Quant aux effets de mise en scène, ils sont du même acabit et témoignent d'un manque cruel d'idées narratives et d'originalité. Beaucoup de défauts pour un seul film mais cela ne s'arrête pas là...
La suite ici : http://www.cine-region.fr/films/victor-young-perez