Jurassienne pur jus, Louise Courvoisier à tout naturellement consacré son premier long-métrage, Vingt Dieux, à sa région et, plus particulièrement à sa jeunesse, celle qui, pour combattre l'ennui, boit plus que de raison et cherche parfois là bagarre. Mais au-delà de ce contexte, une plongée dans le monde rural, d'une manière pas si différente de Chien de la casse, la réalisatrice impose très vite un regard personnel sur ses personnages, un peu frustes, avec une vraie tendresse et un souci d'authenticité, accentué par son casting de non-professionnels. N'allons pas jusqu'à parler de Pialat mais il y a dans Vingt Dieux un goût avéré pour le naturalisme, qui n'empêche pas de l'agrémenter d'une envie de romanesque, sans oublier un sens de l'humour très marqué et jamais gratuit. À l'international, le film s'intitule Holy Cow et c'est vrai que les vaches y tiennent un rôle primordial, de même que la fabrication du Comté. C'est ce mariage entre une veine réaliste, voire documentariste, jamais austère, et une fiction simple et attachante (le jeune héros et sa petite sœur adorable) qui fait en grande partie l'attrait de ce premier long-métrage dont on a le droit de tomber un peu amoureux. Et si la néo-réalisatrice a encore des histoires à nous raconter sur le Jura, qu'elle ne se gêne surtout pas, cet appel d'air frais et de nature est en tous points appréciable.