Une partie de la famille de Stephen Fry a été assassinée dans les camps nazis et il a déjà collaboré à de nombreux documentaires sur ce sujet. Le film est donc incarné par des gens qui comme lui ont la sensibilité pour le faire. Lena Dunham joue sa fille, un rôle ingrat car elle souffre d'avoir eu des parents survivants de l'holocauste mais qui n'ont jamais pu vraiment en parler avec elle. Le poids des non-dits est très lourds. Un poids que Lena Dunham porte aussi sur son corps et expose sans honte à l'écran. C'est parfois nous, les spectateurs, qui sommes gênés de rentrer ainsi dans l'intimité et les secrets d'une famille. Mais tout est fait avec délicatesse et respect. Les acteurs polonais sont aussi là pour accompagner avec humanité et comion ce triste pélerinage jusqu'au camp d'Auschwitz. Le chauffeur de taxi est formidable, c'est d'ailleurs un grand acteur polonais vu dans les films de Krzysztof Kieślowski. Certaines scènes sont révoltantes, comme lorsque Ruth doit négocier pour racheter des objets de famille, d'autres tragiquement drôles comme lorsque le père et la fille peuvent visiter Auschwitz en voiturette électrique, privilège réservé uniquement aux survivants. Bref tout le film est poignant mais aussi chaleureux. Surtout il montre avec réalisme la difficulté pour les survivants de parler de l'holocauste, même et surtout avec leurs proches.