Lynne Ramsay adapte le roman de Lionel Shriver, décrivant la naissance d'un mal absolu, un mal qui a le visage d'un ange, à travers le regard d'une mère, seule témoin d'une mutation diabolique.
Abordant son film comme une pure bande horrifique dans le style de "Rosemary's baby", Lynne Ramsay parvient à rendre ionnante une intrigue archi-classique, énième variation autour de l'enfant démoniaque. Adoptant le point de vue de la mère, magnifiquement interprétée par Tilda Swinton, Lynne Ramsay transcende un projet qui aurait pu tomber facilement dans un certain cinéma auteurisant par une mise en scène pertinente et limite obsessionnelle (par le biais de l'utilisation du rouge, notamment), aux images travaillées, poussant le spectateur à s'interroger sur la santé mentale de son héroïne.
Si la forme est réussie, tout comme le portrait d'une mère au bord de la folie et de la rupture complète, on regrettera le manque de finesse avec laquelle la cinéaste décrit son meurtrier, trop rapidement assimilé à un antéchrist tout droit sorti de "La malédiction". Une caractérisation un peu facile, heureusement contrebalancée par la présence flippante du jeune Ezra Miller, parfait en psychopathe.
Grâce à un traitement étonnant et à une interprétation sans faille, "We need to talk about Kevin" parvient à sortir du lot malgré une avalanche de clichés (la mère seule contre tous, le père qui ne voit rien...) et un léger manque de subtilité.
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