Perturbant. Effroyable. Glaçant. We need to talk about Kevin traite avec justesse d’un sujet délicat, si ce n’est tabou. Une mère n’est-elle pas censée aimer son enfant ? Cela semble inné, naturel… et pourtant. Faut dire que Kevin n’est pas très aimable. A qui la faute ?
Le plus dérangeant consiste à regarder un film sans réponse. Sans réponse, ni coupable. Ne demandez pas pourquoi, ne cherchez pas de raisons ni de responsables. Kevin le dit bien, l’intérêt de tout ça, c’est qu’il n’y en a pas.
Comment se contenter alors d’une réponse aussi vide ? On recherche une causalité, on a envie de trouver d’autres réponses, plus crédibles. On en vient même à se demander, n’y avait-il pas de l’amour entre cette mère et ce fils ? Un amour destructeur, masochiste, mais un amour quand même ? A moins que ce ne soit la culpabilité de ne pas s’aimer qui forge leur lien ?
Le film est monté de manière à brouiller le scénario entre flashback et moment présent. On s’attend alors à ce qu’une fois l’histoire comprise et remise dans l’ordre, cela prenne sens. Voilà de quoi nous déboussoler un peu plus encore en nous laissant avec nos questions sans réponses.
Porté par Tilda Swinton, mère indigne, et les différents acteurs qui jouent Kevin au fil des années, le film n’aura de cesse de gêner le spectateur, une gêne qui grandira avec l’enfant, accompagné d’un sentiment d’impuissance. Aussi déé que la mère, on aura l’impression d’être témoin d’harcèlement moral, sans qu’aucune preuve n’arrive à crédibiliser les faits.
Car le film a choisi comme protagoniste principal la mère et non le fils. Si aucun coupable n’est dénoncé dans le film, le spectateur va naturellement prendre partie du côté de la mère, victimisée. A l’inverse du fils, au regard froid, méprisant voire diabolique, la mère a l’air ailleurs, déée, quelquefois indifférente mais pas mauvaise dans le fond.
Troublant comme film. Il me fait penser à Incendies.
PS : Le film s’appelle We need to talk about Kevin, but they don’t. C’est pour moi la faiblesse du film. Le rôle du père aurait mérité d’être un peu mieux travaillé. L’histoire n’en aurait eu que plus d’impact encore.