Je n'ai vu Yi Yi qu'une seule fois, au Mk2 Quai de Seine, en début d'été 2000, dans la foulée de ses éloges cannois mérités. Débutant en cinéphilie asiatique, je ne connaissais pas encore le mot shomingeki. Terme japonais désignant les films décrivant la vie des gens ordinaires. Avec comme représentants les plus célèbres Naruse et Ozu. Et Kore-eda? Oui, mais il n'était pas encore devenu un spécialiste du genre à l'époque de la sortie du film d'Edwatd Yang. Les qualités des meilleurs représetants du genre: l'art de produire par la mise en scène, la direction d'acteurs/actrices et le montage des émotions à partir de situations banales et/ou à la limite des bons sentiments. Parce que le cinéma sortait alors d'une décennie où la narration chorale était à la mode dans le cinéma d'auteur mondial, j'ai donc reçu Yi Yi comme un chef d'oeuvre du film choral. Mais l'accomplissement de Yi Yi le rapprocherait davantage des qualités des chefs d'oeuvres du shomingeki. Le film pourrait être résumé tout entier dans son utilisation de L'Hymne à la joie de Beethoven, morceau classique le plus inable à entendre au cinoche ex aequo avec le Canon de Pachelbel. Le genre de choses qui m'aurait peut-être dissuadé de payer ma place si on me l'avait dit avant. Mais qui fonctionne magistralement -dans une version réarrangée, certes- dans le film.