J’ai pourtant toujours été agacé qu’à chaque sortie d’un nouvel opus Assassin’s Creed les gens se plaignaient du fait que “c'est toujours la même chose” et que “la licence ne se renouvelle pas”. Puisque jusqu’ici la licence me plaisait toujours autant (j'avais adoré Odyssey), à chaque fois je me disais “Eh bien, au pire n’y joue pas". Même après avoir joué à Valhalla, je ne me suis pas plaint, et pourtant il y'avait de quoi... Cependant, à ce moment précis j’ai commencé à ressentir une certaine lassitude et aujourd’hui avec l’opus Shadows c’est peut-être moi qui vais me plaindre du fait que la licence ne se renouvelle pas et c'est une tout autre personne qui me lira et se dira “bah au pire n’y joue pas té, con de toi !" (oui, je l’imagine avec l’accent du sud, je sais pas pourquoi...)
Seulement je lui répondrai que je trouve un certain intérêt à y jouer et pour cause :
Ce qui sautera aux yeux de tout un chacun qui y a joué plus de dix minutes, c’est qu'Assassin's Creed Shadows est sacrément beau. Ce ne sont certes pas les graphismes les plus époustouflants de l’industrie mais ils se trouvent tout de même dans le haut du panier. Les effets de météo ont beau ne pas tellement avoir l’influence escomptée sur l’infiltration, en revanche la variété du type d’intempérie donne un glow up incroyable à la direction artistique (là où les ancien opus se cantonnaient surtout à l'alternance jour/nuit). La maitrise des effets de particule et du brouillard volumétrique est à son paroxysme chez Ubisoft et se fait ressentir plus que jamais (c'était déjà l'une des qualités de Star Wars Outlaws). Le vent, la pluie, qui souffle et s’abat au-dessus de nos têtes et qui fait virevolter les feuilles d’arbres permettent un émerveillement de chaque instant. Je ne parle même pas de détails ponctuels comme toutes ces sortes de volatiles cachés dans les hautes herbes qui s’envolent à votre approche. Une nature en général généreuse et vraiment très attrayante, d’autant qu’en plus de la météo cet opus intègre un système de saison qui renouvelle régulièrement la DA des lieux visités. Les milieux urbains ne sont quant à eux pas en reste et la reproduction du Japon du XVIème siècle avec ses navires d’époque est très agréables à l’œil (cela dit le Japon féodal c’est un peu le cheat code de la direction artistique, on ne va pas se mentir). Enfin le tout est à chaque instant recouvert superbes mélodies inspirées de la tradition Japonaises, ainsi que de musiques bien plus modernes pour certains ages de l’histoire principale (mais souvent interprétés par des groupes Japonais). Un parfait mélange entre tradition et modernité en somme (je me dois de le placer à chaque nouveau jeu sur le Japon féodal).
Maintenant autant je trouve que l’éclairage du jeu est assez ravissant (en particulier grâce à l'implémentation relativement réussie du RayTracing), autant parfois certains objets ou PNJ sont très mal éclairés. On dirait qu’ils ne font pas partie de ce monde car la lumière ne réagit pas de la même façon sur eux que sur ce qui les entoure. (Un patch ne serait pas de trop)
La physique me semble quant à elle être très au point. Les interactions avec les morceaux de décors destructible sont plutôt réalistes et il nous est possible de trancher une poignée de bambous ou de décapiter un buisson en un coup de Katana. C’est plutôt utile sachant que les forêts sont vraiment épaisses (mais on va y revenir).
Concernant le début de prise en compte des commentaires des joueurs entrepris dans Avatar, celui-ci a été étendu dans AC Shadows puisque le jeu est dénué de mini map et le système d’exploration à base de renseignements topographique est de retour. Cependant un certain rétropédalage a été effectué par le studio avec l’intégration d’un nouveau système d’éclaireurs qui permet à qui le souhaite de squeezer cette features. Le HUD est quant à lui un peu imposant mais complètement paramétrable.
Ce qui m'a aidé à apprécier le jeu ces longues heures c’est surtout la réalisation des combats qui est une vraie réussite, du moins avec Naoé. Le gameplay de cette dernière n’est vraiment pas simple à contrôler et m’a couté énormément de Game Over les premières heures. Seulement une fois maitrisé, l’éventail d’attaques et de compétences est suffisamment large et vraiment très jouissif d’autant que les animations de combat sont-elles très fluides et particulièrement agréable à l’œil (il y'a un certains nombres de finish move différents pour les deux personnages). Naoé est aussi le personnage parfait pour expérimenter les nouveaux mouvements de parkour et d’infiltration qui redevient une nécessité dû à sa frêle morphologie. Mes ardeurs à base d’envie de foncer dans le tas sont très vite réprimées et ont été une grande cause de frustration en début de partie (cela dit je trouve très bien de la part du studio d’avoir assumer jusqu’au bout ce parti pris ce qui dénote encore une fois avec les opus précédents). Parfois un ennemi se rendra compte que tu es en train d’essayer de l’assassiner et viendra stopper ta main dans son élan avant le coup fatidique ce qui entraînera un combat à la loyal, il faudra alors être prêt à l’assumer. En comparaison j’ai trouvé le gameplay de Yasuké bien moins intéressant alors que dans les anciens opus j’optais très souvent pour l’approche “rentre dedans”. Dans tous les cas cela laisse au joueur la possibilité de s’exprimer avec le type de gameplay qui lui sied et c’est très bien ainsi.
Le gros souci concernant ces combats intervient lorsque ces derniers ont lieu en intérieur ou même dans des rues exiguës. La caméra deviendra alors votre pire ennemi (à tel point que l’on se croirait dans un vieil épisode du joueur du grenier). Et ceci c’est sans parler de l’IA de certains mobs qui parfois ne vous détectera pas lorsque vous vous trouvez juste sous leurs yeux ou ne s’émouvra pas d’un iota lorsqu’il era à côté du cadavre de l’un de ses potes. Cependant je pense que c’est simplement dû à des bugs puisque la majorité du temps ils vous détectent très bien (un peu trop bien à mon gout).
L’histoire quant à elle est toujours autant basique que dans les précédents opus, les personnages principaux n'arrivent pas vraiment à véhiculer des émotions et c'était déjà très peu le cas avec Bayek et Kassandra, encore moins avec Eivor... Des quêtes annexes narratives permettent d’explorer le é des personnages et apprendre comment ils en sont arrivés là. Cependant certains ages de la quête principal sont trop vite expédiés, comme la rencontre entre Naoé et Yasuké qui a l’air particulièrement forcée. Quelques heures d’écriture à ce sujet n’auraient pas été de trop.
Néanmoins puisqu’on parle de Yasuké, le centre de toutes les tensions, je trouve que (contrairement à sa relation avec Naoé) son intégration dans le monde en général est crédible. Sa présence offre certaines opportunités scénaristiques intéressantes qui n'auraient pas été possible avec deux personnages Japonais (trop peu exploitées à mon gout). Comme souvent Ubisoft s’est appuyé sur une réalité historique et a brodé autour pour remplir les trous laissés vacants par l’histoire. D’ailleurs personne de sensé n’a jamais considéré les Assassin's Creed comme des reproductions historiques fidèles. On se souvient tous de de ces affreux vikings qui ressemblaient plus à des bikers qu’à de véritables guerrier/explorateurs norvégiens du Xème siècle (faut croire qu’il y’a certaines distorsions de la réalité plus acceptable que d’autres). Puis est-ce que je me suis plaint moi lorsqu’Ubisoft a fait de Unity une atroce version de la révolution françaises fantasmée par la droite, dans laquelle les révolutionnaires et Robespierre sont d’affreux terroristes qui font vivre un enfer à ces pauvres victimes d’aristocrates ? Eh bien non. J’ai certes trouvé que c’était une vision scandaleuse de cet évènement historique fondateur mais je l’ai acceptée puisque tout ceci n’est que de la fiction. Ca a certainement quelque peu pesé dans la balance concernant ma notation de l’époque puisque celle-ci est de 5/10 (Je ne suis pourtant pas un extrémiste politique, j'ai bien fait une référence à Chirac dans le titre de ma critique ! Alors ? Voyez.) on est toutefois loin du review bombing que Shadows a subi et continue de subir.
Pourtant AC Shadows n’est pas exempt de critiques bien plus légitimes. Comme le fait que le scénario soit composé de trames épisodiques brodées autour de chaque personnes à assassiner et que le tableau de quêtes ne soit constituer que de leurs visages à eux et ceux des autres clampins à assassiner. Comme le fait que ce dernier soit bourré de lieux à découvrir très intéressants visuellement parlant, mais aussi horriblement vides pour la plupart (si ce n’est les trois bouts de papier à la con à ramasser pour gagner un peu d’XP). Mais je crois que ce qui m'exaspère désormais le plus dans la licence c’est ce côté RPG light d’une fadeur sans nom. Les semblant de choix de dialogues sans grandes conséquences.Ces équipements à looter qui sont tous les mêmes mais avec uns skin différent, qu’il faudra bien entendu faire évoluer à chaque prise de level pour rester au niveau des mobs. Mobs qui d’ailleurs subissent un level scaling des plus affreux qui t’empêche d’apprécier à sa juste de valeur ta prise de skill. (Je sens qu'un certain nombre de défenseurs de la langue française qui militent contre les anglicismes viennent de décéder en lisant ces deux dernières phrases). Puis tu dois graver chaque équipement pour ajouter quelques capacités, bref rien de bien nouveau et de bien intéressant...
Le pire est que Shadows fait partie de ce genre de jeux dans lesquels Les ennemis finissent par repopper et je ne e pas ça. Je me suis cassé le cul à les tuer donc j’aimerais qu’ils restent morts SVP ! D’autant que la carte est toujours autant remplie de ces fameux camps de bandits (ici sous la forme de châteaux. Très beau au demeurant... mais ce n’est pas le sujet) et qui me prennent une éternité à vider avec ma très chère Naoé qui est incapable de fondre la mêlée (comme toute bonne Kassandra qui se respecte). Ici c’est le age des saisons qui les fera réapparaitre et ce souci en entraine un autre : la moitié des points de voyage rapide se trouvent dans des zones infestées de mobs, ce qui veut dire qu’à chaque TP tu dois soit les réaffronter, soit utiliser la technique que j’appelle “courir comme un lâche” ! (Très efficace du reste, mais assez peu RP).
D’ailleurs en parlant des voyages rapides, le cheval c’est génial, le cheval c’est mon dada, sauf dans un pays très montagneux et rempli de forets comme le Japon. Il m’arrive donc très souvent de traverser la map à pied jusqu’au prochain point de TP par flemme de devoir contourner les parois rocheuses (alors que je peux juste les grimper). Ce n’est pas forcément un défaut puisque le jeu est vraiment beau comme cela mais c’est un fait à prendre en compte. Les forêts denses et touffues c’est certes réaliste mais les traverser à cheval ce n'est pas possible. Même à pied, IRL la caméra est placée dans tes yeux et non pas à cinq mètres derrière toi, en conséquence de quoi il arrive donc souvent qu’on ne soit plus à même d’apercevoir notre personnage lorsque l’on décide de couper à travers bois...
En résumé Assassin’s Creed Shadows est un jeu magnifique et très intéressant à parcourir mais qui n’évolue pas. Ce n'est que la reproduction du world design et du level design relativement feignant des anciens opus et son gameplay quant à lui évolue mais extrêmement peu. AC Origins était certes un renouveau pour la licence mais ce renouveau date de 2017. Cela dit pour les gamers qui arrivent encore à porter de l’intérêt à cette formule, c’est une réussite. Pour ma part c’est plus compliqué, le jeu reste néanmoins un bon etemps en attendant de pouvoir poser les mains sur le prochain prétendant au GOTY 2025.
Peut-être qu’un jour cette tendance de jeu vidéo sur le Japon féodal finira par nous fatiguer mais pour le moment c'est toujours un sacré argument de vente il faut bien l'avouer.
Objectivement AC Shadows mérite peut être un bon 7/10 cependant ma relative lassitude me contraint à subjectivement lui mettre un honorable :
6/10