Astro Bot n’avait rien de particulièrement attrayant de prime abord. Si l’essai de 2020 qui accompagnait la sortie de la PS5 était rafraîchissant, c’est bien parce qu’il s’agissait d’une démo technique gratuite pour cette nouvelle console et surtout un moyen d’expérimenter les fonctionnalités de sa nouvelle manette. La direction artistique très générique grimant les plus grands succès de PlayStation paraissait bien faiblarde et très limitante.
Je me suis trompé.
Astro Bot a cette saveur qui fait les grands jeux. Un plaisir régressif de par son genre, le plateformer 3D, qui célèbre le jeu vidéo dans sa forme la plus noble. Le joueur est directement dans ce flow continue d’éclairs de génie de game et level design. Pas de narration élaborée, pas de tutos. Le joueur et l’interactivité avec son environnement. Retour à une simplicité et une pureté formelle. Ce jeu fait réellement du bien.
Effectivement, la direction artistique ressemble à un cimetière de franchises mortes de Sony. Si on veut pousser le cynisme, on peut trouver la posture de la firme hypocrite. Fêter leurs grands succès qu’ils ont eux-même contribué à mettre sous terre. Réduire le travail abattu à cet élément paraît insultant tellement le génie du jeu ne se repose pas que sur un fan service mal placé. Ne nions pas la vitrine PS5 qu’est Astro Bot, surtout avec les niveaux thématiques de jeux PS5 qu’on ne spoilera pas. On peut tout de même reconnaître un savoir faire indéniable dans sa frénésie d’idées qui semble bien plus s’apparenter à un Mario contrairement à ce que peut laisser penser sa forme Sony-esque.
C’est simple, le jeu pourrait être Super Mario Galaxy 3. La philosophie se rapproche bel et bien d’une œuvre made by Nintendo. Le rythme ne faibli jamais, chaque niveau à sa proposition artistique et ludique. Astro Bot aurait pu ressembler à une grande foire avec un défilé de pouvoirs jamais pleinement exploités, mais le jeu réutilise ses mécaniques sur plusieurs niveaux avec maestria. On ne retrouve pas la frustration d’assister à un spectacle où chaque power n’est jamais pleinement utilisé à l’instar du récent Super Mario Wonder. Non, chez le petit robot, toutes ses trouvailles sont bien loin du gadget et sont réutilisés sans jamais provoquer une redondance. Surprenant et enthousiasmant, chaque niveau a une structure différente et permet d’exploiter un concept toujours amusant.
Il faut le dire aussi, Astro Bot n’a absolument rien de révolutionnaire. Il ne s’agit pas d’une réinvention de la manière d’appréhender les déplacement dans l’environnement comme Mario Galaxy. D’ailleurs, la plupart de ses mécaniques sont un rappel/hommage au plombier moustachu. Astro Bot est, comme dit plus haut, un plaisir régressif. La Team Asobi témoigne de leur amour pour le jeu vidéo. Au-delà de la vitrine PlayStation (contraint par le cahier des charges), la proposition ludique est d’une solidité sur tous les points. Et le jeu est d’autant plus bon que ses éléments qualitatifs ne sont pas dus à cette publicité pour la gamme PlayStation. Si bien que j’ai ressenti le potentiel pour une (des ?) suite. Pourquoi pas proposer des niveaux plus challengeant avec moins de checkpoints et le droit d’être touché deux fois ? Des niveaux conceptuels mimant les jeux dont ils s’inspirent en en faisant des mécaniques de plateformer funs. Le jeu, en plus d’être super, fait rêver.
D’où ce 9/10 amplement mérité. Astro Bot m’a rappelé pourquoi c’était si cool de jouer au JV, autour d’une célébration vidéoludique bien plus grande que sa forme le laisse supposer. Fédérateur et magique, ce petit robot au potentiel que j’avais sous-estimé m’a refait rêver pour le jeu vidéo de demain.