Blue Prince avait tout pour me plaire sur le papier : un jeu d’enquête et d’exploration qui se e dans un manoir mystérieux, un jeu qui encourage à prendre des notes et dont les énigmes se dévoilent au fur et à mesure, la promesse de révélations qui bouleversent notre compréhension de l’univers du jeu...
C’est du moins ce que la presse vidéoludique promettait : avec un 92 Metacritic qui le place d’emblée dans le top 1 des jeux « du genre » et des comparaisons très fréquentes avec d’excellents jeux comme Outer Wilds ; Obra Dinn ou encore Tunic, tout semblait indiquer que j’allais adorer Blue Prince.
Et pourtant, après 25 heures ées dessus et la « fin » obtenue, mon avis est bien plus contrasté. Le sentiment qui prédomine, c’est que Blue Prince n’était ni ce à quoi je m’attendais, ni qu’il était un jeu pour moi.
Un début prometteur et fascinant
Les dix premières heures (environ) sont à la hauteur de mes attentes. Le rythme du jeu est lent certes, mais je me prends facilement au jeu d’explorer toutes les nouvelles salles que l’on croise. Je note les éléments de décor ou de documents qui suscitent ma curiosité, je résous des énigmes simples de logique et de calcul mental... Rien d’extraordinaire mais je m’attends à ce que le jeu se dévoile un peu plus.
Et il va se dévoiler un peu plus, je découvre de nouvelles mécaniques de jeu, des accès plus ou moins caché à d’autres endroits du manoir, je commence à faire des liens entre les personnages du lore du jeu et à faire des hypothèses... Bref c’est un début très prometteur qui laisse penser que la suite sera du même acabit.
Une frustration qui commence à pointer le bout de son nez
Sauf que voilà, comme tout jeu qui s’étire en longueur, la répétition est le pire ennemi de Blue Prince, et son côté rogue-lite – à l’intérêt discutable à mon avis, mais c’est aussi ce qui en fait un jeu unique en son genre – n’a fait qu’aggraver ce sentiment que je ais beaucoup trop de temps à me battre avec le jeu pour qu’il me laisse progresser dans ses énigmes.
Combien de fois dois-je prouver au jeu que je sais résoudre des tests de logique, ou bien faire du calcul mental pour qu’il daigne me donner des gemmes et des clés vitales pour bien démarrer chaque run ?
Combien d’heures vais-je devoir attendre pour que la configuration des salles, aléatoire, me permette enfin de résoudre une énigme ?
Même avec 25 heures de jeu, je n’ai pas encore trouvé toutes les salles ! La perspective d’enfin en obtenir une nouvelle, de constater qu’elle contient une énigme compliquée, et donc de me sentir obligé de la résoudre dès maintenant sous peine de devoir peut-être attendre des dizaines d’heures pour retenter ma chance est quelque chose qui à mon sens n’a pas sa place dans un jeu d’enquête, ça ne fait qu’engendrer de la frustration.
Après la « fin », la fatigue
25 heures pour un jeu d’enquête et d’exploration, c’est déjà (très) long.
Et pourtant, je sais qu’il me reste encore beaucoup de choses à faire dans Blue Prince, j’ai des pistes qui restent sans réponse et je sais qu’il y a de nouvelles couches de mystères qui s’ouvrent une fois la fin obtenue.
Mais pour ne serait-ce qu’avoir la chance d’enquêter dessus, est-ce-que j’ai envie de me battre encore et toujours contre la RNG ou bien de er plusieurs runs à tenter d’exploiter la RNG pour la rendre plus able pour juste un moment ? Est-ce-que mes théories sont seulement bonnes ou bien suis-je parti bien trop loin dans d’autres directions ? Est-ce-que j’ai envie de refaire ad nauseam les énigmes du billard et du parloir, et d’ajuster les niveaux de sécurité du manoir ? Est-ce-que je parviendrai à faire le lien entre une nouvelle énigme et un document anodin que j’avais pris en screenshot (chose que vous avez tout intérêt à faire si vous ne voulez pas er des heures à les retrouver ensuite, le jeu ne proposant pas de moyen de les relire), ou un élément noté 20 heures auparavant, ou probablement oublié ? Etc.
Après la « fin » (sachant que j’avais déjà commencé l’enquête sur d’autres pistes en parallèle à ce moment-là), j’ai fait quelques autres runs sans grande conviction, pour voir si le jeu, une fois « terminé », allait enfin arrêter de me mettre des bâtons dans les roues pour résoudre ses mystères, constater que non et que j’en aurais pour encore au moins 20 heures au bas mot.
20 heures, c’est ce qu’il faut pour finir des jeux maîtrisés de bout en bout comme Outer Wilds et Lorelei and the Laser Eyes, qui n’ont pas eu besoin de 10 couches meta et de diverses ressources à farmer pour compenser la RNG afin de fasciner.
Le rapport « fascination / frustration » ne valait plus la peine de continuer, et en voyant qu’au moins une énigme
nécessitait la connaissance d’un homonyme que je ne connaissais pas d’un mot en anglais
c’est sans regret que j’ai choisi d’arrêter Blue Prince avant d’en être totalement dégoûté.
Conclusion
Blue Prince est un jeu qui vous plaira (peut-être) si vous êtes prêt à y accorder beaucoup de temps.
Il faut bien avoir conscience que ce n’est pas parce que vous avez adoré Outer Wilds, etc. que vous allez forcément adorer celui-là aussi. Contrairement à ce que prétendent beaucoup de journalistes, ces jeux n’ont pas grand-chose en commun à part en surface et c’est plutôt votre niveau de tolérance face à la RNG qui peut vous empêcher de résoudre des énigmes pendant des heures et votre volonté de er aussi des dizaines d’heures à décortiquer des couches de mystère de plus en plus alambiquées qui fera si pour vous, Blue Prince est à la hauteur de sa renommée critique ou non.
Il reste malgré tout une proposition unique en son genre (du moins à ma connaissance), vraiment intéressant pendant une dizaine d’heures, avant qu’il ne frustre définitivement après un nombre supplémentaire d’heures qui dépendra de chacun.