Déjà pas mal, ça rame. Mieux encore, ça plante. La PS3 chauffe, les ampoules voient rouge. Dans mon viseur, le jeu pâtit méchamment d'une linéarité increvable des missions. Rien à y faire, de l'une à l'autre, c'est la même rengaine : un semblant d'ouverture qui se referme bien vite fait devant les limitations techniques de la console et de la galette.
Le gameplay dirigiste « old-school » n'est pas pour me déplaire, mais la vocation semi-réaliste du jeu en prend pour son grade lorsqu'un assemblage de chaises en bois et de fauteuils nous barrent le chemin en plein milieu d'un couloir. Couloir couloir... Bien injustement, on est condamné à suivre son petit bonhomme de chemin tracé par les développeurs. Et justement, les ages en intérieur sont à mon sens bien moins ionnants que leurs adversaires au grand air, tant ils mettent en exergue la linéarité du gameplay.
Heureusement, BiA paye entre deux plantages par sa mise en scène, ouvertement pompée sur les envolées patriotiques du septième Art, ou du petit écran de Spielberg (Band Of Brothers, The Pacific). Il faut sauver le soldat Ryan ou Full Metal Jacket ? En tout cas, le boursicoteur me rappelle, bien sûr, les Ghost Recon de la Tom Clancy's family, puisque le gameplay est du même tonneau, mais surtout les bons moments és sur le TPS Freedom Fighters, le M. Propre de la révolution rouge en équipe (de 1, parce que faut pas déconner... J'ai pas le temps d'avoir des amis)...
L'univers bien occupé et mouvementé des ricains débarquant dans la cambrousse pour sauver le monde et accessoirement voir du pays, signe à coup sûr, et sans coup férir (non, sans rire), de jolies flaques de sang et autres démembrements autant délectables sur mon cathodique à gros cul qu'ils sont douloureux pour le bout d'IA bidochée qui sert d'ennemi. Oui, car on ne fait pas de miracle avec les moyens du bord... Dans la moyenne, l'intelligence des ennemis comme des alliés (si on les laisse batifoler dans la verdure luxuriante de la Normandie) est plutôt bas-de-plafond, pour toucher le front à la banalité des graphismes.
Ca paye pas de mine mais c'est toutefois joli à regarder : les graphismes n'entachent en rien l'action et le plaisir de mener ses troupes au casse-pipe, et c'est bien là le principal ; puisque le game design et le ton des couleurs réalistes et pas too much dans les détails vivront relativement bien le poids des années, en restant dans une norme estampillée « débuts de la PS3 », à vingt mille lieues sous les mers d'un Halo qui bavera de tout son kitsch, en mal ou en bien, entre les effets de scintillement et les couleurs criardes – qui forgent une identité, certes... Mais le débat est ailleurs.
Logorrhée ? Il faut avouer que les bugs un tantinet inopinés du cru Sony ont tendance à faciliter mon transit cérébral...