Deadly Premonition: The Director’s Cut par SnakePlissken
Ce jeu a tout pour lui :
* des graphismes 3D datés avec des textures dégueulasses, le tout toujours bloqué officiellement en 720p (procurez-vous le patch 1080p non-officiel produit en deux jours par le gars qui avait déjà sauvé la version PC de Dark Souls);
* une maniabilité aux fraises, avec une affectation des contrôles à la manette totalement aberrante, qui heureusement peut être changée, sauf que en fait non parce que ça bugue dans certaines séquences ;
* des QTE DeMerde™ qui détruiront, outre vos nerfs, le stick analogique de votre manette ;
* une gestion du temps, des rendez-vous et du personnage (faim et fatigue) qui paraissent sympathiques au début, mais prennent rapidement la tête ;
* des phases d'action répétitives et pas franchement ionnantes ;
* des signaux sonores sur certaines actions typiques de nos amis développeurs japonais, qui nuisent totalement à l'immersion, même s'ils ont le mérite de la clarté pour le joueur.
* des putains de bugs, mais pas des petits, hein, du bon vieux crash des familles avec retour au bureau quasiment à chaque session de jeu, avec relance du jeu avec ses logos non skippables, ses temps de chargement interminables sur une machine de guerre, et le retour au dernier checkpoint (sauvegardez souvent !). Et tout ça en mode de compatibilité Windows 98, parce que sinon ça ne démarre tout simplement pas.
Mais à côté de ça, on tient là un fantastique hommage à la série Twin Peaks, une adaptation non officielle qui déroule un épisode au scénario, à l'ambiance et aux personnages tout simplement jouissifs. La trame principale et très bien écrite, très cinématographique et reste prenante au point que l'on pardonne pas mal de ages où l'on lâche la manette pour tout simplement regarder cette épisode de série TV. Il y a de nombreuses quêtes annexes, très japonaises dans l'esprit et un peu ridicules dans le fond, avec entre autres de la collection de cartes, de la course de voitures ou de la pêche, mais elles permettent surtout de rencontrer dans la petite ville de Greenvale toute la galerie de personnages tous plus timbrés et attachants les uns que les autres.
Sérieusement, pour tout fan de Twin Peaks, c'est un bonheur d'incarner cet agent du FBI un peu frappé à la double personnalité, Francis York Morgan/Zach, digne alter ego de l'agent Dale Cooper, dans cet univers lynchien à peine maquillé, mais maintenant interactif. Les dialogues de York avec Zach lors des balades en voitures, qui tournent principalement autour des films cultes des années 70/80 (et de leurs bonus DVD) que se doit de connaître tout bon geek, poussent à parcourir la ville de long en large, même si l'on sera bien avisé de se procurer rapidement le talkie-walkie synonyme de fast-travel si on veut éviter de mourir d'ennui une fois ces dialogues tous épuisés.
Mention spéciale pour la musique, qui sans forcément ressembler à celle de Twin Peaks, partage avec elle son côté décalé et sa fréquente utilisation à contre-emploi. On est désarçonné au début, mais elle participe grandement à l'ambiance du jeu.
Pour vivre cette expérience, il faudra simplement être capable de er outre tous les défauts pré-cités, sachant que la difficulté du jeu en elle-même n'est jamais bloquante (il semble que ce point soit une amélioration de la version Director's Cut). Et vous aurez alors en bonus (DVD) la satisfaction de collecter des succès Steam rarissimes, seuls 5,4% des joueurs ayant fini la trame principale et 1,6% l'ensemble des quêtes annexes à l'heure où j'écris cette critique.