Death Stranding
7.6
Death Stranding

Jeu de Sony Interactive Entertainment (2019PlayStation 4)

Delivroo 2049

Difficile d'ignorer le nom d'Hideo Kojima quand on est fan de jeux-vidėo. A 60 ans, le japonais a belle liste de titres à son actif, même s'il n'a pas joué le même rôle pour chacun d'entre eux.

Si la saga Metal Gear est évidemment l'œuvre qui a le plus de concouru à lui octroyer le titre de légende vivante, Death Stranding est néanmoins un autre titre qui a marqué son époque et qui porte sans aucun doute la patte unique du maître.

Death Stranding, késako ? Pour essayer de la faire « simple », le jeu se e probablement au XXIe, après que la Terre ait subi un Death Stranding, un phénomène difficile à décrire qui semble avoir rapproché le monde des vivants et des morts. La majorité de la population a péri, les survivants eux, se terrent dans des bunkers de haute technologie, à l’abri des échoués (les morts revenus sur Terre qui hantent aléatoirement certains territoires) et de la pluie, qui a la particularité de faire vieillir à vitesse grand V les êtres vivants non protégés.

Le phénomène n’a toutefois pas eu que des mauvais côtés puisqu’il a permis de développer, grâce aux cristaux chiraux (une matière inconnue jusqu’ici), une espèce de super réseau internet qui permet, outre la transmission d’informations, de construire des structures très complexes grâce à des genres d’imprimantes 3D ultra sophistiquées.

Dans ce contexte post-apocalyptique où la population vit largement recluse, les porteurs jouent un rôle décisif. Ils bravent les dangers d’un monde devenu hostile pour faire circuler des biens en tout genre et permettre aux personnes, parfois très isolées, de continuer à vivre et à travailler.

Sam, le héros du jeu (qui prend les traits de l’acteur Norman Reedus), est plutôt un loup solitaire quelque peu désabusé. Toutefois, il n’est autre que le fils adoptif de la présidente des Etats-Unis, ou du moins ce qu’il reste du pays. Décidé à rester en dehors des sphères du pouvoir, il se laisse toutefois convaincre de tenter de reconstruire la nation en connectant les différentes régions du pays au réseau chiral, et ce d’autant que sa sœur, Amélie, qui avait entrepris ce travail avant lui, est manifestement retenue prisonnière sur la côte ouest du pays. Il va donc se lancer dans une longue quête à travers un territoire dévasté.

Ce ne sera une surprise pour personne mais avec Hideo Kojima aux manettes, on sait d’emblée qu’on n’aura pas affaire à un jeu banal.

Death Stranding, c’est avant tout traverser de grandes étendues désertes -qui ressemblent davantage à l’Islande qu’aux USA- pour livrer des marchandises et connecter des bunkers et des villes au réseau. Bien sûr, il y a un vrai scénario en toile de fond (et il s’épaissira à mesure que vous avancerez dans le jeu), mais la base, ce sera de jouer le rôle du livreur Amazon de l’apocalypse, alors autant dire qu’il faut accrocher au concept, sinon il sera difficile d’envisager d’y er 50 heures de votre vie.

Ceci étant, ces livraisons ne se déroulent pas toujours de la même manière. Si certains s’apparentent à de charmantes balades bucoliques, d’autres seront nettement plus mouvementées pour le peu que vous tombiez sur des échoués, des pillards ou des séparatistes (ces deux derniers étant composés de gens bien vivants !).

Ces mauvaises rencontres provoquent quelques bonnes montées d’adrénaline, notamment au début, quand on a pour ainsi dire rien pour se défendre.

Sur la question des combats d’ailleurs, vous aurez tout loisir de tenter de fuir (ce qui est souvent la meilleure solution d’ailleurs). Toutefois, vous ne pourrez pas toujours éviter les combats et sur ce point, même s’ils ne sont pas désagréables, ils ne constituent néanmoins pas le cœur du jeu et certains pourraient les trouver un peu basiques, voire redondants....

Dans Death Stranding, tout est avant tout une question d’ambiance. Celle-ci est unique en son genre et là aussi, soit vous plongerez dedans avec délectation, soit vous y serez hermétique et cela vous coupera probablement l’envie d’aller plus loin.

Avec ses paysages presque lunaires, ses musiques magnifiques (œuvres du groupe islandais Low Roar) -qui n’interviennent que ponctuellement- et surtout, ses personnages très charismatiques, Death Stranding est une œuvre soignée et incomparable.

En parlant des personnages, il est évident qu’avoir pris des acteurs réels (Norman Reedus , Mads Mikkelsen , Léa Seydoux, Margaret Qualley et d’autres encore) pour incarner les différents protagonistes de l’aventure contribue fortement à leur donner de l’épaisseur et à les rendre humains, tout simplement. Un choix peu étonnant lorsqu’on connait l’amour de Kojima pour le 7e art, ion qui apparait comme une évidence à bien des égards dans DS, comme c’était déjà le cas à travers la saga Metal Gear.

Au-delà du concept, qui on l’a dit, ne plaira pas à tous, on pourrait surtout reprocher au jeu sa complexité scénaristique. On ne va pas se mentir, dès le début du jeu, on nage dans un univers pour le moins particulier, fourmillant de détails en tout genre mais dont l’ensemble paraitra très abstrait pour beaucoup de monde. Et même si on s’en tient à l’histoire principale, sans chercher à décortiquer le contenu des mails et autres documents à disposition, on reste tout de même avec quelque chose de très obscure et capillotracté entre les mains. Seuls les plus ionnés chercheront à décoder tout ça.

Mais dans l’ensemble, même une fois l’aventure terminée, il n’est pas aisé de se restituer toute l’histoire et de bien se formuler tout ce qu’on a vécu tant l’ensemble est alambiqué et conceptuel. Mais au moins, on ne pourra pas reprocher au jeu de proposer une histoire trop basique, comme on le fait souvent pour d’autres jeux-vidéo.

Ceux qui aiment aller au bout des choses auront largement de quoi alimenter leurs réflexions et échanges ionnés. Quant aux amoureux de statistiques, ils trouveront leur bonheur dans cet amas de chiffres, de graphiques et de notes qui vous assaillent à chaque fin de mission.

Et comme s'il n'y avait pas assez de choses à faire, vous aurez également la possibilité de participer à l'aménagement du territoire en venant alimenter en matériaux des imprimantes 3D afin de créer des refuges mais aussi et surtout des routes, des bornes de recharge électrique ou mêmes des tyroliennes, afin de faciliter vos déplacements, ce qui n'est pas vraiment du luxe au regard du terrain accidenté qui se présente souvent à vous. Ces diverses constructions prendront la forme d'un effort collectif, puisque si vous jouez en étant connecté à internet, vous pourrez bénéficier des contributions d'autres joueurs (une bonne occasion de les remercier en leur mettant un "like") et vice versa! Une manière supplémentaire de prolonger votre temps é sur le jeu.

On pourrait donc parler de Death Stranding encore longtemps mais le mieux est probablement de s’y essayer pour comprendre à quoi on a affaire, même si on le répète, les amateurs d’action pure et les insensibles aux belles ambiances peuvent d’ores et déjà er leur chemin.

Les autres se frotteront à un jeu à l’univers unique et au scénario très complexe, sorti de l’esprit un peu tordu de son génial réalisateur.

Atypique et excellent.

8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs jeux de la PlayStation 4 (PS4)

Créée

le 17 avr. 2024

Modifiée

le 19 mai 2024

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Billy Joe

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