Final Fantasy VII: Rebirth
7.8
Final Fantasy VII: Rebirth

Jeu de Square Enix (2024PC)

Tiny Bronco en pilote automatique

La vie d'un nostalgique est paradoxale, et encore plus quand on touche aux doudous de son adolescence.

Voyez donc votre serviteur : légèrement échaudé par le premier épisode de ce remake de Final Fantasy VII qui n'en est finalement pas vraiment un (voir la critique ici), il s'est néanmoins jeté sur ce Rebirth dès sa mise à disposition sur PC.

Et comme c'était à prévoir, les sentiments sont extrêmement contrastés après 97h de jeu et un écran de fin. De toute évidence, impossible d'apprendre de ses erreurs.


Fileurs de souk

Commençons d'entrée par évacuer l'éléphant au milieu du salon : non, vous n'allez pas forcément retrouver tous vos repères dans le déroulement de l'histoire. La relecture faite de cette partie du voyage prend des libertés parfois incompréhensibles avec le matériau d'origine, supprimant des ages (dont certains avaient un sens) et ajoutant de façon assez brouillonne d'autres ages plus anodins.

Quant aux thèmes abordés, lissés à l'extrême pour choquer le moins possible (les gentils pas si gentils et les méchants pas si méchants, hmpf), ils ne sont qu'effleurés et n'ont finalement que peu de place face à la menace Sephiroth que l'on brandit tout le long du jeu.


Autre problème, qui est l'idiot qui a émis l'idée de parler de "mondes parallèles" dans ce jeu ?

Envoyée d'entrée par une scène d'intro qui nous donne l'impression d'être dans un spin-off, et régulièrement rappelée sans la moindre subtilité, elle tue totalement le moindre investissement émotionnel que l'on tenterait d'avoir, et laisse surtout entrevoir un traitement de certains ages très fanservice (le theorycrafting de ces 25 dernières années se porte bien, merci pour lui). Ce que l'on retrouve à la fin du jeu...

Si l'idée de terminer ce Rebirth lorsque s'achève le CD1 du jeu d'origine est pertinente, le traitement de l'ensemble est juste... nulle. Débarrassée d'une grande partie de son intensité dramatique (ce qui faisait que cette partie du jeu original avait marqué son époque), tout ça pour y placer un combat épique qui, s'il remplit son office, n'a pas sa place. Et une scène de fin incompréhensible et totalement décalée par rapport à l'original.

Aerith qui devient l'espace d'un instant une hallu de Cloud, ou alors Cloud qui navigue entre deux mondes parallèles dont un où Aerith est vivante, allez savoir, alors que les autres persos sont en plein deuil, j'ai eu envie de jeter ma manette de rage.

C'est d'autant plus rageant que quand le jeu se décide à respecter le scénario d'origine, il explique plutôt bien et brode parfois de façon intéressante, rendant certains ages vraiment plaisants, même quand ils flirtent avec la limite de la japoniaiserie éhontée.


Chadley Party VII

Bien entendu, ce départ de Midgar se devait de proposer autre chose que des couloirs ou des mini-hubs vaguement habités. De ce côté-là, force est de constater que Square-Enix a mis le paquet, avec pas moins de 6 vastes régions à parcourir, plus une autre optionnelle. Le tout enrobé d'une chiée de quêtes annexes, de points d'intérêt, et surtout de mini-jeux. Ce contenu très généreux ravira les complétistes mais fera parfois râler, tant tout semble être fait pour vous détourner de l'histoire principale.

Le problème, c'est qu'en plus, les activités proposées sont assez plan-plan et surtout identiques d'une région à l'autre. Tours de transmission, chasse aux monstres, caches de trésor, mogs, chocobos… le tout étant souvent servi par les fameux mini-jeux, dont l'exécution est de qualité inversement proportionnelle à leur nombre : souvent mal conçus, aux contrôles totalement pétés et à l'intérêt limité, rares sont ceux qui donnent envie d'y revenir. Allez, on dira que le G-Bike et surtout l'excellent Queen's Blood, jeu de cartes facile à comprendre mais dur à maîtriser, sauvent un peu la mise.

Toutes ces activités ont évidemment un dénominateur commun : l'androïde Chadley. Mais au milieu de ses interventions sans intérêt et de son côté indispensable pour récupérer certaines matérias et surtout les invocations, un autre enfer vous attend : MAI, l'assistante créée par Chadley, qui réussit à être encore plus ignoble que son chef. Pour agrémenter le simulateur de combats de choses intéressantes, vous erez forcément par les missions de chasse, et donc fatalement par les interventions artificielles, mais horribles de niaiserie de ces deux-là. C'est assez éreintant, qu'on se le tienne pour dit.


Jour - Nuit - Jour - Nuit

D'un point de vue technique, on touche quelque peu aux limites de l'Unreal Engine 4 : si certains paysages sont superbes, on observe un lissage intempestif de certaines textures et des détails bien moins fournis sur les personnages, ainsi qu'une gestion des transitions intérieur/extérieur absolument scandaleuse d'un point de vue luminosité, ce qui parfois gêne considérablement la progression. C'est certes le prix à payer pour une fluidité irréprochable en HD détails à bloc, mais pour un jeu à gros budget de 2025, ça dénote fortement.

La partie musicale est également moins réussie que dans Remake : si l'on retrouve l'essentiel des compositions connues, et qu'elles sont globalement réussies, le contenu hors moule original est souvent soit agaçant, soit hors sujet, soit les deux en même temps. Et l'ensemble souffre d'un problème de concision des morceaux : des boucles d'une minute et quelques quand tu dois rester 1h dans la même zone pour parcourir les différents points d'intérêt, c'est prendre le risque de faire décrocher le joueur ou de le faire sombrer dans la folie.

A noter que la VF, si elle souffre toujours des mêmes soucis que dans Remake, remplit encore une fois son office très correctement.

Même si je n'étais pas prêt à entendre Red XIII parler comme Sheldon Cooper dans TBBT. Bah oui, c'est le même doubleur, et celui-ci officie depuis Advent Children, comme quoi.

Baston, et au lit

On finira néanmoins par une bonne nouvelle : le gameplay de combat reste toujours très plaisant, et a surtout été enrichi de choses utiles. Toujours basés sur un mélange temps réel - jauge de compétence, les combats, plus rythmés, gagnent des compétences synchronisées entre deux persos. Elles sont basées sur l'utilisation de compétences individuelles et n'utilisent pas la fameuse jauge, ce qui les rend intéressantes en combat : il ne faut donc plus hésiter à switcher de perso dans cette optique, notamment contre les boss dont la difficulté est plutôt bien jaugée.

Petits bémols toutefois : le ciblage est toujours plus ou moins aux fraises, et la caméra reste parfois capricieuse, occasionnant du coup un grand n'importe quoi sur certains combats bien spécifiques. Rien de scandaleux toutefois, tant l'ensemble tient globalement la route.

Côté hors combat, on observe moins de temps de chargement déguisés, et surtout des énigmes certes basiques, mais qui sont mieux intégrées et qui cassent moins le rythme d'ensemble, comme cela pouvait être le cas dans le Remake.


Noyé sous les effets de mode scénaristiques totalement claqués, réussissant à salir sans vergogne certains ages les plus épiques de leur temps, ce Rebirth ne convainc qu'à moitié, d'autant moins avec un niveau technique irrégulier pas forcément digne d'un jeu à gros budget de 2025.

Il n'offre finalement qu'un voyage parfois plaisant et rythmé, parfois gênant, sauvé par quelques moments de grâce, un gameplay qui tient toujours la route et un contenu répétitif mais particulièrement généreux.

La troisième partie, en raccrochant les wagons, permettra peut-être de ramener un peu de noblesse du matériau d'origine, mais j'ai comme un doute, au vu des intentions de notre époque.

5
Écrit par

Créée

le 7 mars 2025

Modifiée

le 15 mars 2025

Critique lue 16 fois

TheMattou

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Critique lue 16 fois

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