Une épopée imparfaite, trop sage pour son héritage

En tant que fan de Final Fantasy VI et VII, mais aussi de Final Fantasy Tactics, Vagrant Story et plus globalement de tout l’univers d’Ivalice, j’attendais Final Fantasy XVI avec une impatience teintée d’exigence. L’idée d’un Final Fantasy plus mature, porté par l’équipe de Yasumi Matsuno, aurait pu donner un chef-d’œuvre à la croisée de la politique de Tactics, de la narration dense de Vagrant Story et de l’identité unique d’Ivalice. Malheureusement, si FFXVI réussit par moments à capturer un peu de cette essence, il ne va jamais au bout de ses ambitions, comme s’il avait peur d’être trop exigeant, trop radical.

L’histoire est clairement le point fort du jeu. Clive est un protagoniste solide, et la mise en scène des conflits géopolitiques entre nations est prenante. On sent l’inspiration de Game of Thrones, avec des trahisons, des luttes de pouvoir et des figures charismatiques comme Cid ou Dion. Mais là où FFT et Vagrant Story proposaient des intrigues d’une complexité fascinante, FFXVI reste relativement prévisible. Certains personnages comme Hugo Kupka sont de simples caricatures, là où FFT nous offrait des antagonistes aux motivations nuancées et ambivalentes. On perçoit bien l’ombre d’Ivalice, mais elle est comme lissée, édulcorée, peut-être pour ne pas perdre un public plus large.

Le gameplay, lui, m’a laissé perplexe. Les combats sont ultra-spectaculaires, Clive enchaîne les attaques avec une fluidité impressionnante, et les affrontements entre Primordiaux ont parfois des airs de batailles de mecha façon Zone of the Enders ou Xenogears, avec des séquences démesurées et un vrai sens de la mise en scène. Mais en dehors de ces moments d’adrénaline, on se retrouve avec un système de combat qui, s’il est efficace, manque cruellement de profondeur. Plus proche d’un Devil May Cry que d’un Final Fantasy, il sacrifie la stratégie et l’adaptabilité des anciens systèmes au profit d’un spectacle certes maîtrisé, mais un peu creux à la longue.

Et puis il y a ce monde… ou plutôt ces vastes étendues vides, qui ne parviennent jamais à donner l’impression d’un univers vivant. Quand on pense à l’Ivalice de Final Fantasy XII, riche en lore et en diversité, ou même aux villes labyrinthiques de Vagrant Story, difficile de ne pas ressentir un manque cruel d’âme et d’immersion dans FFXVI. Les quêtes secondaires sont souvent anecdotiques, et on a rarement l’impression d’explorer un monde avec une véritable consistance.

En fin de compte, Final Fantasy XVI est un bon jeu, et même un très bon action-RPG. Mais en tant qu’héritier spirituel de Final Fantasy Tactics, de Vagrant Story et d’Ivalice, il m’a frustré. Il effleure la noirceur et la complexité de ces œuvres sans jamais s’y abandonner totalement, préférant la sécurité d’une narration plus linéaire et d’un gameplay plus accessible. J’ai aimé l’expérience, mais je ne peux m’empêcher de penser à ce qu’elle aurait pu être si elle avait vraiment assumé son héritage.