J’étais là depuis le début. J’ai suivi cette série, parfois à contre-cœur, souvent avec tendresse. J’ai soupiré devant les spin-offs, souri à la fin de Kingdom Hearts II, été sincèrement ému par certaines scènes de 358/2 Days… Bref, je fais partie de ceux qui ont vécu avec cette saga.
Alors évidemment, j’ai attendu Kingdom Hearts III.
Longtemps.
Trop longtemps.
Et le verdict ? C’est un grand NON. Pas un rejet sec, pas un désintérêt total. Un non douloureux, lucide, frustré. Parce que ce jeu avait tout pour être grand. Et qu’il s’est perdu, noyé dans ses propres promesses et ses effets de manche.
Côté animation, rien à dire. C’est propre, très propre même. Je sais ce qu’il y a eu derrière, les déboires du développement, les complications avec Disney… Ça m’a rendu indulgent, je l’avoue. Certaines scènes sont magnifiques, les personnages brillent enfin en HD, et les dernières heures du jeu flattent l’œil autant que la nostalgie. Sincèrement, le final m’a plu, malgré ses facilités. Mais faut-il vraiment traverser 25 heures d’ennui pour avoir droit à un peu de magie ?
Car oui, l’ennui. Voilà le mot qui résume pour moi cette expérience. Un gameplay daté, pas repensé depuis 15 ans. Une progression linéaire, sans réelle surprise. Des combats qui misent tout sur les effets pyrotechniques, mais où l’on spamme X pendant 80% du temps, perdu dans un déluge de particules. Pire encore : l’impression constante qu’on ne joue pas vraiment. Que tout ce qui fait la force d’un RPG – la stratégie, la construction d’un build, le sentiment de progression – a été sacrifié sur l’autel de la simplicité.
Et ces cinématiques… Bon sang. Un enchaînement de scènes Disney, souvent inutiles, parfois gênantes. Je n’ai rien contre Elsa ou Raiponce, mais je n’ai pas signé pour une rediffusion de leurs films. Les dialogues ? Mal écrits. Le rythme ? Haché. L’histoire ? Une surenchère d’incohérences et de retournements absurdes, où les morts ne le sont jamais vraiment, où les clones, les doubles, les cœurs et les fragments se multiplient comme des pains.
Et pourtant… Je suis resté. J’ai continué. Pour quoi ? Pour Sora, ce héros censé être en formation, mais qui sauve le monde une énième fois. Pour ces visages que je connaissais, que j’espérais revoir. Pour cette musique de Yoko Shimomura qui, elle, n’a jamais failli. Pour ces rares moments d’éclat, d’émotion, de vrai Kingdom Hearts, au milieu du marasme.
Mais on ne construit pas une conclusion de saga avec quelques miettes de satisfaction. KH3 est trop court, trop creux, trop maladroit. Il ne sait pas où il va, et le joueur non plus. On a attendu des années pour un jeu qui ressemble à une gigantesque introduction. On voulait la fin d’une histoire, pas une nouvelle promesse de suite.
Alors oui, je suis déçu. Mais je reste aussi lucide. KH3, ce n’est pas juste un mauvais jeu. C’est l’échec d’une ambition. La preuve qu’une licence peut se perdre à force de ne jamais vouloir choisir entre complexité et simplicité, entre gameplay profond et accessibilité. C’est un jeu qui voulait tout, mais qui n’offre finalement pas grand-chose.
Et moi ? Moi, j’étais prêt à l’aimer.
Mais j’attendrai la suite sans aucune illusion.
PS: Je l'ai quand même terminé deux fois avec 5 ans d'intervalle entre les deux sessions, ce n'est pas un jeu à jeter pour autant!