Un cadeau médiocre emballé de papier doré

Ce n'est pas dans mon habitude d'écrire une critique avec le mot "médiocre" d'un jeu Pokémon, mais il m'apparaît ici comme tristement approprié. Grand fan de la saga, bien que totalement réticent aux nouvelles générations, j'ai découvert Pokémon avec la version Jaune de 2000 sur Game Boy Advance. Je la considère encore aujourd'hui comme une version majeure de la saga, et c'est elle qui m'a fait accrocher. Se sont alors succédés les jeux Pokémon pour moi : Diamant, Donjon Mystère Equipe de Secours Rouge, Ranger (1), Cristal (sur PC), Blanc (1) et, surtout, Platine, qui est selon moi la meilleure de toutes, encore aujourd'hui. Je pense donc avoir une certaine expérience concernant les jeux Pokémon, tout particulièrement la quatrième génération, même si j'ai bien décroché aujourd'hui.

Heart Gold et Soul Silver sont les remakes de 2009 / 2010 des premières versions Or et Argent, redonnant du neuf à la seconde génération, qui avait été un véritable carton auprès de la communauté de la franchise. Pour info, il y avait également eu la version Cristal, la troisième version de cette génération. Néanmoins, en qualité d'ultimes jeux de la quatrième génération, ils apportent ici lots de nouveautés et d'améliorations... mais aussi de défauts.
Pour éviter de faire deux romans en un et de me perdre dans mes observations, j'ai malheureusement recours à une sorte de listing. Pardon d'avance pour les détracteurs, mais de mon avis Heart Gold et Soul Silver ne méritent pas un beau texte bien tourné comme je cherche à en créer un pour Platine.

Points positifs (il y a tout de même de quoi dire) :

L'influence de la quatrième génération est palpable. Les graphismes, considérablement améliorés, donnent à Johto et Kanto un air de Sinnoh. C'est propre, beaucoup moins pixélisé et difforme que les graphismes qui arriveront plus tard en cinquième génération, où la 3D évolutive est bien mal maîtrisée. L'ambiance sonore, entièrement remaniée, conserve l'esprit d'origine des versions et leur identité, tout en rafraîchissant sympathiquement. Les nouveaux sprites des personnages sont très réussis, parfaitement adaptés aux caractères des différents protagonistes (mention toute spéciale à la torride Sandra, ma petite préférée... O:) , Morgane pas mal aussi, sans toutefois égaler la dresseuse du terrible (et rageant) Hyporoi). Ce renouveau est très appréciable, sans pour autant renoncer à l'ambiance de la seconde génération.

Le Pokématos est bien modernisé lui aussi. La possibilité de choisir l'ambiance de fond est géniale et les fonctionnalités sont claires, pratiques, simples. Nous n'avons plus à nous casser la tête comme avant concernant le choix des numéros de téléphone à conserver ou non, car cette fois, plus de limitation à dix numéros maximum.

L'interface est globalement accessible et rapide à utiliser, c'est agréable.

Le taux d'apparition des bestioles sauvages varie selon différents facteurs, dont le plus logique d'entre-eux, à savoir la discrétion du joueur dans les hautes-herbes, sur l'eau ou dans les grottes, est le plus important. Ce n'était pas assez considéré dans les versions précédentes, y compris Diamant / Perle / Platine. Ici, on ressent bien ce changement.

Le cycle jour / nuit vraiment réaliste et logique, avec ses Pokémon et particularités qu'on ne peut pas trouver dans le jeu sans reprendre notre partie après 20h.

La durée de vie du jeu est impressionnante. Deux régions, des centaines de Pokémon à capturer, des quêtes annexes multiples et énormément de lieux à visiter.

Le principe du Pokémon qui nous suit rappelle indéniablement la vieille version Jaune, qui avait introduit cette notion. C'est un concept qui avait été abandonné depuis cette dernière et qui le sera de nouveau par la suite avec Blanc et Noir, il est ici replacé en avant. Néanmoins, nous verrons également qu'il a ses défauts, criants.

Bien sûr, les mécanismes de combat ont évolué et sont adaptés aux standards de la quatrième génération.

Sans surprise, l'intégration des Pokémon de la quatrième génération, comprenez par-là des évolutions inédites (par rapport aux jeux d'origine) et très puissantes (Elekable et Maganon par exemple).

On croirait réellement au Japon virtualisé : l'architecture des villes et l'environnement des routes sont une évocation frappante au pays du Soleil Levant. Et cela tombe plutôt bien !

Le Plante-baies est une parfaite alternative aux cultures "traditionnelles" des baies dans les versions de Sinnoh et Hoenn. Nous transportons en permanence quatre plants des baies de notre choix, placés dans des sortes de pots, qu'il suffit d'arroser régulièrement pour obtenir trois à cinq baies (si on s'en occupe convenablement, sans laisser la terre sécher) de la même espèce que celle plantée à la base. Une production abondante et pratique, puisque le champ se déplace avec son cultivateur !

Les Capsule Balls refont leur apparition, comme à Sinnoh, même si elles arrivent tardivement.

La Team Rocket est de retour, avec des personnages à l'identité propre (mais non, puisqu'on vous dit que Game Freak n'a pas copié sur la Team Galaxie) et son armée de sbires à faire pleurer !

Faire économiser notre argent par notre mère virtuelle est selon moi un avantage. Pour ceux qui ne sont pas excessivement dépensiers, plus vous aurez d'économies, plus la mère achètera souvent des objets impossibles à avoir autrement (objets de combats utiles et surtout les baies) pour vous. Qui plus est, j'avais toujours trouvé qu'un système de banque manquait aux jeux Pokémon.

Les petits jeux annexes (Mot de e de Buena, Pokéathlon...) sont la répétition incarnée mais apportent une chose à faire en plus, donc du contenu.

és ces points positifs qui méritent tout de même d'être salués, allons au vif du sujet, avec ce qui est (très) décevant dans ces versions. Voici donc les points négatifs, qui expliquent le titre de cette critique et sa note finale :

Beaucoup de points positifs sont imparfaits et mettent en lumière des aspects beaucoup plus décevants de ces jeux. Pour commencer, le système de téléphone, qu'on ne retrouve dans aucune autre version semblable, est au final limité en terme d'utilité pour deux raisons. La première, c'est que les PNJ nous ent pour nous raconter leurs petites vies minables, avec des monologues extrêmement répétitifs et sans AUCUN intérêt. La seconde, c'est qu'à moins d'appeler les personnages qui nous intéressent le troisième mardi du cinquième mois de l'année à la huitième heure de la journée et sa douzième minute, ces mêmes individus utiles ne le sont pas le reste du temps, soit 90 % du jeu...

Les objets communs les plus utiles (donc les moins courants), tels que les pierres d'évolution, sont très difficiles à acquérir, dépendants soit du bon vouloir de quelques PNJ qui nous téléphonent une fois sur cent pour nous en proposer en guise de cadeau (comme pour justifier le fait qu'en temps normal, ils ne nous parlent que de la dernière fois qu'ils ont vu la pluie tomber...), soit du jeu du Pokéathlon, où il faut acquérir des milliers de points (c'est-à-dire jouer pendant des heures) pour pouvoir acheter UN exemplaire de l'objet souhaité. Et encore, pendant un seul jour précis dans la semaine ! Bien sûr, nous pouvons toujours écrire une lettre d'excuses à notre prof ou patron pour lui expliquer qu'on ne pouvait pas manquer ça.

Ce même Pokéathlon, qui remplace les concours (très chiants) de Diamant / Perle / Platine, est une excellente idée en soit, mais souffre cependant d'épreuves très répétitives et lassantes à la longue. Une fois les bons Noigrume Drinks préparés pour booster nos compagnons de manière optimale, le plus gros est fait, et il ne reste pas grand chose à découvrir de ce mini-jeu dans le jeu.

En parlant de Noigrumes, les Noigrumiers ne sont pas assez nombreux pour justifier de refaire le tour complet de Johto (parfois dans des lieux pénibles d'accès) afin de cultiver quelques fruits par ici par là. C'est encore plus pénible avant d'avoir débloqué Vol, période durant laquelle l'essentiel de votre budget e dans les repousses. Qui plus est, ces charmantes cultures sont bien plus longues à se renouveler que les baies, à raison d'un nouveau fruit par tranche de vingt-quatre heures...
La production de Pokéballs spéciales qui en découle, bricolées par Fargas à Ecorcia, est elle aussi trop lente pour être réellement pratique, suivant la même doctrine de "une par jour" seulement. La frustration générée par le fait de sacrifier sans succès plusieurs semaines de Noigrumes sur un Pokémon récalcitrant à la capture devait être une cause non négligeable de destructions de Nintendo DS, en 2010.

Le Pokémon "suiveur" est un principe très intéressant et appréciable au début, mais qui perd de son intérêt en progressant, nos compagnons ayant toujours les mêmes réactions ou accessoires à nous présenter quand nous leur parlons. Très dommage, et toujours pas la possibilité de voler à dos d'un Pokémon capable de quitter la terre ferme, ou de chevaucher un gros Pokémon terrestre, juste pour s'am. Il en serait autrement dans Let's Go Pikachu et Evoli, preuve que l'idée est réalisable.

Les Pokémon les plus intéressants apparaissent très tardivement dans le jeu, ou bien ne peuvent être croisés qu'en faisant le tour de la Terre à pieds avec le Pokéwalker. Johto est une région parfaitement complémentaire à Kanto du point de vue des évolutions, mais hélas, les bons Pokémon sont très difficiles à obtenir (non parce que, Pharamp comme type électrique, avec sa vitesse inférieure à celle d'un Grolem et ses défenses faibles, on rêve rapidement de mieux). Décourageant. Aucun regret de faire apparaître ceux que je souhaite par magie avec la triche.

Le Pokéwalker est, là aussi, une idée sympathique, mais cependant trop pauvre en contenu et ne permettant d'approcher (capturer nous ne sommes même pas sûrs...) les Pokémon intéressants qu'au bout d'une éternité.

Kanto est bâclée. On ne retrouve pas l'excitation des toutes premières versions, ni l'ambiance typique. Malgré une amélioration permettant de diff les anciennes musiques et les nouveaux graphismes, cette sensation de découverte et d'exploration est évanouie. On survole la seconde région du jeu, on ne la vit pas. On dirait d'ailleurs que Kanto ressemble ainsi à une petite extension de Johto, tel l'archipel de Sinnoh (les trois Aires et le Mont Abrupt) avec son continent.

Certains Pokémon sont presque impossibles à capturer tant les conditions pour y parvenir sont complexes. Entre les "fuyards" comme Entei / Raikou et les légendaires "fixes", ce n'est même pas la peine. Lugia (je pense que ça doit être pareil pour Ho - Oh), les points de vie si bas qu'ils n'en étaient plus visibles et en plus paralysé, n'a pu être capture que grâce à la Master Ball, donc aucune satisfaction et le dégoût d'avoir consommé la meilleure Ball du jeu. Son niveau 45 (alors que les miens étaient tout juste au niveau 40, condamnés à casser du Racaillou niveau 20 pour progresser...), son insensibilité aux Masse Balls (malgré ses 216 kg !), les dizaines d'Hyper Balls ayant toutes démontré des résultats très variables, les autres Balls étant inefficaces face à un légendaire pareil et l'absence de Chrono Balls dans le jeu ont eu raison de ma motivation. Même Giratina et Kyurem ne sont pas aussi pénibles.

Enfin, le plus gros point noir de ces jeux : l'entraînement de notre équipe. Je n'ai JAMAIS pu faire progresser mes six camarades (Typhlosion, Roucarnage, Elekable, Hyporoi, Empiflor et Dracolosse) de manière équitable et régulière sans m'aider d'un Action Replay pour tricher, ou ne serait-ce que pour les avoir suffisamment tôt. Les dresseurs sont trop peu nombreux et ont des niveaux le plus souvent risibles par rapport à celui atteint au stade équivalent dans le jeu (par exemple, des dresseurs ne déant pas les niveaux 22 ~ 25 là où nous avons un champion d'arène de niveau 41 qui nous attend, d'autres qui vont du niveau 2 à 14 là où le prochain champion est niveau 25...). Pire encore, pas de Cherche VS !!! Seuls quelques PNJ nous reent aléatoirement quelques fois par téléphone pour un nouveau combat, et uniquement selon leur bon vouloir. Les adversaires les plus abondants sont les membres de la Team Rocket, mais leurs Pokémon faibles ne rapportent pas assez d'expérience pour réellement améliorer les nôtres et ils disparaissent tous suite à la résolution de la prise d'otage de la Tour Radio de Doublonville. Résultat : on se retrouve, avec notre équipe, à peine niveau 33 ~ 34, face à un Démolosse... niveau 38. Et le retard se poursuit, s’aggrave même, en progressant dans le jeu.
La disparité de niveau est telle qu'on a en permanence le cul entre deux chaises : les Pokémon sauvages et des dresseurs sont 15 à 20 niveaux en-dessous des nôtres, alors que ceux des adversaires importants nous déant de 5 à 10 niveaux (dans le meilleur des cas). Comment entraîner efficacement une équipe dans ces conditions ?!

Ainsi, la difficulté du jeu n'est ni dosée, ni progressive (et c'est là toute la supériorité de Platine). L'entraînement de l'équipe est très difficile et interminable, tout cela pour essayer de garder la tête hors de l'eau face à des adversaires surpuissants, aux Pokémon évolués anormalement tôt et possédant des attaques qu'ils ne devraient pas pouvoir maîtriser à un tel niveau. Jamais des jeux de la franchise n'avaient autant incité à adopter le comportement du noob de base, qui consiste à prendre le starter le plus prometteur et faire le jeu avec lui, laissant tous les autres membres de l'équipe à des niveaux insignifiants. Affligeant.

Par ailleurs, Heart Gold et Soul Silver "s'inspirent" tellement de Platine qu'ils en ont copié la Zone de Combat et ses personnages. Moi qui m'attendais à une version revisitée et améliorée de celle de Cristal, avec ses propres apports...

Conclusion
Adorateur des première, seconde et quatrième générations de Pokémon, joueur captivé et curieux, je me suis lancé avec un certain enthousiasme dans la version Soul Silver (préférant Lugia). Force est de constater, après m'être un peu renseigné sur Internet, que j'ai été amené à utiliser la triche avant même le troisième badge (il y en a 16 à gagner dans ces versions), soit au bout de quatre jours de jeu, non pas pour vaincre Blanche et sa vache de malheur, mais parce qu'il était hors de question de ne pas constituer une équipe fiable dès le début, de se farcir le mouton terriblement leeeeennnnntttt comme type électrique (ce qu'ont fait 95 % des joueurs) et de ne pas pouvoir faire progresser mes six Pokémon à niveau équivalent. Jamais je n'ai eu pareilles difficultés dans Diamant ou Platine (je suppose que c'est donc valable pour Perle). Et ensuite, il a fallu encore plus tricher pour pouvoir progresser, suivre le rythme complètement illogique du jeu.
En dépit de qualités, d'évolutions et d'innovations évidentes, Heart Gold et Soul Silver n'ont pas traité les défauts des premières du nom, mais les ont au contraire refourgués avec un métagame ayant toujours plus changé. Un plaisir de jeu et un réel intérêt gâchés par une disproportion des niveaux incompréhensible, l'absence ou l'extrême rareté des Pokémon les plus intéressants ainsi que des meilleurs objets, la difficulté lassante et exagérée des légendaires, les "petits +" uniques à ces versions qui ne sont cependant pas assez au point.
Heart Gold et Soul Silver doivent tout à Platine, qui les sure en équilibre et en jouabilité, leur arrachant sans difficulté le titre de meilleure version de toute la saga.