Splinter Cell: Chaos Theory
7.3
Splinter Cell: Chaos Theory

Jeu de Ubisoft (2005GameCube)

La Corée du Nord, c'est mon fort !

Marathom Clancy : 3/8


Après un interlude chinois, la licence Splinter Cell revient entre les mains de ses créateurs d'origine, Ubisoft Montréal. L'objectif des Canadiens dans ce troisième opus est simple : proposer une amélioration de la franchise sur tous les points, tant au niveau des graphismes que des dialogues ou des mécaniques.

On est donc en face d'un jeu beaucoup plus ambitieux que Pandora Tomorrow, et le premier truc qui frappe, c'est effectivement les efforts qui ont été faits sur les environnements et les graphismes en général.


Adoptant comme ses prédécesseurs une DA photoréaliste, on est clairement en face d'un des plus beaux jeux du genre sur cette génération, avec MGS3 et les Resident Evil. Les jeux de lumière ou d'eau sont très réussis pour la GameCube, les décors sont vastes (ce qui rend plusieurs niveaux assez ouverts, ça change de la linéarité des précédents jeux) et beaucoup moins "cubiques" qu'autrefois. Les cinématiques en CGI ont de leur côté un peu vieilli, ce qui n'est pas spécialement une surprise mais date le jeu plus que nécessaire.

Rassurez-vous, ça ne vous empêchera pas de profiter du magnifique placement de produit pour les chewing-gums Airways dans la toute première cinématique, avec un gros plan très subtil sur Sam Fisher qui sort un étui de sa poche pour se relaxer avant sa mission. Une pub qui nous rappelle que l'un des premiers jeux du studio était Tonic Trouble, qui était lui-même envahi par les placements de produit pour les chocolats Crunch. Vivement la pub pour les lasagnes Findus dans le prochain Alexandra Ledermann !

Les personnages n'ont pas forcément eu droit au même soin que les décors (les gardes n'ont aucune expression faciale lorsqu'on les agrippe), mais il est indéniable que la série a fait un bond en avant considérable en termes de présentation, et je ne regrette absolument pas les couloirs de 95% des niveaux de Splinter Cell 2, sans parler de ses immondes ralentissements (très rares ici).


A vrai dire, le jeu a une approche tellement ouverte de son level-design que certains niveaux permettent même de faire des aller-retours entre leurs différentes sections, chose qui n'arrivait jamais dans les précédents épisodes ! Le niveau de la banque en particulier est vraiment cool là-dessus, puisqu'on doit y accomplir plusieurs objectifs dans un ordre non défini, ce qui donne un côté très interconnecté à cet établissement malgré le fait qu'il soit découpé par plusieurs temps de chargement.

On peut d'ailleurs mentionner que le jeu propose de nombreuses missions différentes. On a bien sûr un objectif principal à chaque fois (atteindre la sortie, interroger Untel…), mais nos supérieurs nous donnent aussi des missions annexes (pirater 5 ordis, saboter un compteur électrique…) que l'on peut choisir ou non d'effectuer, ce qui influe sur le score de fin de mission, autre nouveauté qui offre un peu de replay-value à l'aventure.


Niveau gameplay, il y a assez peu de nouveautés en-dehors de 2-3 gadgets, mais Fisher semble plus souple manette en main, ce qui est forcément un plus. Notons aussi l'arrivée d'un système de détection sonore en plus de la détection visuelle, qui permet de mieux comprendre l'IA des ennemis et s'ils peuvent ou non détecter nos bruits de pas.

La vraie avancée de ce côté-ci, c'est la quasi-suppression des Game Over instantanés. Dans les précédents jeux, être repéré dans certaines missions entraînait une fin de partie brutale et franchement pas drôle. Ici, se faire griller n'entraîne que de légères sanctions (reprises de Pandora Tomorrow : les gardes deviennent plus prudents, enfilent un gilet pare-balles…) et les échecs instantanés ne peuvent se déclencher que si vous merdez complètement, par exemple si vous tuez un soldat allié, ce qui est clairement défini dans le brief de chaque mission.

Ajoutons à ça la possibilité de sauvegarder où l'on veut (c'était le cas sur les versions PC des précédents jeux, mais pas sur consoles), et on a un Splinter Cell non seulement bien plus accessible que ses prédécesseurs, mais aussi plus amusant.


Le scénario du jeu est, comme ses prédécesseurs, assez simple, mais je le trouve bien mené. On y incarne toujours Sam Fisher, envoyé en mission en Asie à la suite de tensions entre le Japon, la Chine et les deux Corée. La Corée du Nord finit par tirer un missile sur un navire américain mais, puisque l'on sait tous que Kim Jong 1 est un grand démocrate et que le fier peuple nord-coréen n'aspire qu'à la paix, il est évident que ce missile ne peut pas avoir été tiré volontairement. A nous de déterminer lequel de ces quatre pays est suffisamment belliqueux, lâche et irradié par deux bombes atomiques pour faire quelque chose d'aussi sournois et stupide envers les Etats-Unis d'Amérique, troisième contrée la plus protectrice des libertés individuelles au monde après la Corée du Nord et la région Pays-de-la-Loire présidée par Bruno Retailleau.

La vraie réussite du jeu, c'est son écriture, avec un Sam Fisher beaucoup plus sarcastique qu'avant, ce qui entraîne des dialogues assez drôles, que ce soit avec ses équipiers ou les gardes que l'on interroge tout le long de l'aventure. Mention spéciale au type qui préfère mourir aux mains de Fisher plutôt que de se faire fouetter sous la douche avec une serviette. Un courage digne d'un samouraï !

La VF reste de bonne facture (à part les accents asiatiques qui sont, disons, datés), mais je mentionne la présence au casting de Christian Pélissier, aka le capitaine Haddock, qui joue justement un commandant de marine. On s'attend à tout moment à entendre un "Mille millions de mille sabords" qui malheureusement ne vient jamais.


Chaos Theory est donc une claire amélioration, même si tout n'est pas encore parfait. Les environnements restent sombres dans l'ensemble même s'ils sont un peu plus lisibles qu'avant, et je trouve que les meilleurs niveaux se situent dans le premier tiers du jeu (la banque, le paquebot…) et que le niveau de qualité baisse drastiquement vers la fin, en revenant à une approche plus linéaire et des gros pièges à con (les drones de Séoul, l'horreur absolue avec leur zone de détection plus large qu'il n'y paraît).

Sur GameCube, je déplore aussi la perte d'intérêt des fonctionnalités GBA, puisque la mini-map très précise des précédents jeux a été remplacée par une vision en 3D des environnements incompréhensible et qui n'affiche plus les ennemis autour de vous. C'est strictement inutile, et c'est donc le cœur gros que j'ai fait cette aventure sans ma fidèle GBA SP à mes côtés.

Et, c'est du détail, mais je crois que les crédits du jeu sont les plus malaisants que j'ai vus depuis longtemps. Il s'agit de 10 minutes de noms qui défilent, sans musique, avec Fisher qui te fixe en gros plan comme s'il scrutait ton âme ou ton historique Internet. Foutue NSA !


Bref, Splinter Cell 3 est une excellente amélioration de la série. Malgré quelques fautes qui persistent, je n'ai aucun mal à le considérer comme le meilleur épisode pour l'instant. De réels efforts ont été faits sur à peu près tous les points pour rendre l'expérience meilleure, ce qui justifie amplement l'utilisation de deux CD sur GameCube.

Le seul truc qui m'inquiète, c'est que tous les fans considèrent que la série chute drastiquement en qualité à partir du prochain épisode. Oups.

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le 30 avr. 2025

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Sonicvic

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