Allégorie de la fécondation

Qui n'a pas regardé une vidéo replay de fin de niveau ne peut comprendre le titre de cette critique.

Tout bien réfléchi, il est probable que les connaisseurs ne puissent pas plus comprendre.
Et pourtant, mon devoir est de clamer haut et fort cette vérité : Super Meat Boy est une allégorie de l'acte de fécondation. La meilleure (sinon la seule) qui n'ait jamais été créée.

Soyons explicites : cinquante vies plus tard, après un acharnement digne des travaux d'Hercules, dans un mélange de plaisir immense, de muscles tendus inconsciemment et de retenue plus ou moins discrète, vous achevez un niveau et jouissez alors de la fameuse vidéo replay. Devant vos yeux, des dizaines de petits êtres que vous ne contrôlez plus et qui sont pourtant part de vous-même rivalisent de vitesse et de dextérité dans le seul but d'avancer, d'avancer encore et toujours, d'avancer vers ce but tant aimé et si lointain. L'hécatombe est à la hauteur des efforts que vous avez fournis : spectaculaire. Un par un ou grappes par grappes vos petits être périssent dans un souffle si bref que leur mort ne porte pas vraiment ce nom. Aussi rapide fut leur naissance en début de niveau, aussi rapide est leur perte. Et aussi insignifiante que magique, car au final seul l'un d'eux, plus vaillant, unique rescapé des ces piégeux boyaux, s'échappera de la masse et atteindra le but promis, cette muse dont la présence invisible attire pourtant tellement d'aventuriers dans une même et dangereuse direction...

L'allégorie ne s'arrête pas là : comme dans l'acte de fécondation, il aura fallu reproduire les essais encore et encore pour enfin atteindre ses espérances. A chaque fois dans un mélange de sueur, de don de soi, d'amour du beau geste et de jouissance du résultat. Mais là où Super Meat Boy dée l'allégorie qu'il incarne, c'est dans l'absence de frustration du rechargement. Meat Boy est un homme, dur, fier et tout entier dévoué à sa cause, et pourtant il n'est que de chair. Meat Boy, tu es chacun de nous, chacune de nos espérances, et ta victoire est un peu la notre. On t'aime, Meat.