Un jeudi 6 décembre 2018 à marquer d’une pierre noire. Sombre et lugubre dans le cimetière des défaites, elle s’érige comme un pieu émoussé vers un ciel ensanglanté. Les exceptionnelles petites victoires n’ont rien pour consoler, au contraire, elles incarnent la désolation de celui qui refuse de céder. C’est l’énergie du désespoir qui donne quelques forces encore, mais pour combien de temps ?
Tout commence par une surprise à l’heure des tartines de confiture. Sous la serviette des petits était dissimulé ce saint graal vidéoludique, synonyme de longues et folles soirées endiablées. Une fois la surprise ée, on s’organise, on se projette et la décision est rapidement prise. Nous ferons un apéro Smash Bros Ultimate.
Tout le monde vaque alors à ses occupations. Les devoirs, la douche, le rangement, la bouffe… et le jeu attends, devant la switch, elle-même trônant à côté d’une immense dalle d’ébène.
L’heure arrive vite. Curly, bière, jus de fruits, saucisson (la base) et le jeu s’installe. Les manettes gamecube sont ressorties (quelle autre console propose une compatibilité de ses manettes de 17 ans d’âge ?), l’adaptateur branché et là, c’est le drame.
Je sens rapidement que la dextérité me manque. Mes doigts sont engourdis et ne dansent pas aussi vite que je le souhaiterais sur les boutons de la manette. Et les images fissionnent, filent, fusent dans un festival de flashs fous et enfiévrés (allitération). Je suis vite déstabilisé. Je n’abdique pas mais je subis.
Las ! Tout prend fin ; nos rêves comme nos désirs, nos conquêtes comme nos défaites, notre suprématie comme notre infériorité. Tel un roi vaincu mais digne, j’attends les heures sombre du bilan. La rédemption ne viendra pas. C’est la fin d’un règne. Le règne arrogant de celui qui savait que cela arriverait mais qui pensait que la jeunesse était encore trop fébrile, trop fragile et sa vieillesse plus lointaine, moins impatiente.
Hélas, il est l’heure de rendre les armes. Je sens que je faiblis et il subsiste comme un flou dans le temps. Link n’y fera rien, il faut accepter l’évidence. Mon fils est devenu plus balèze que moi à Smash Bros.