C'est un peu le Mirror's Edge indépendant. Putain mais non, ça ne veut rien dire non plus.
Bon ce que je veux signifier en somme, c'est que Superhot semble être hors de prix (enfin 20 euros ne me semble pas hors de prix, mais ons) pour le contenu proposé. Sauf qu'à l'instar du jeu de DICE, Superhot ne s'appréciera pas vraiment pour la partie "campagne" qui n'est qu'une mise en bouche pour le gameplay.
À vrai dire, je trouve même cette "campagne" assez prodigieusement lourdingue. Plutôt que de taper dans une histoire classique, le jeu tente le coup de fable méta où le joueur ne joue pas un personnage dans le jeu...IL EST LE PERSONNAGE ET CE N'EST PAS UN JEU! C'est un choix comme un autre auquel les développeurs ont au moins le courage de se tenir et qui est ici appuyé par la direction artistique. Le jeu se présente comme un écran d'OS de vieille bécane qui glitche à la moindre commande. On débute le jeu en chat avec quelqu'un qui nous fait télécharger "superhot.exe" et on est parti pour tester les trois premiers niveaux de la campagne. Chemin faisant, on résoudra un paquet d'autres situations à la difficultéeeeeeh...pas trop exagérée. Malheureusement, oserais-je dire, tant le concept mériterait qu'on se casse les dents sur des dizaines d'ennemis dans un grand niveau. Le vrai souci, c'est qu'une fois lancé dans sa méta-narration le jeu casse le rythme en forçant à suivre des dialogues qu'on connait par cœur: "Sit" et quand le joueur arrête de bouger "Good dog, you're not in controll"...Bioshock, c'était en 2007. Il va falloir être plus créatif que ça. Le problème, c'est que le jeu est trop invasif dans sa campagne pour qu'on ignore complètement son forcing narratif, et il n'est pas assez intelligent ou fou avec cette idée de base pour qu'on apprécie ce qui nous est mis sous le pif.
Le truc le plus surprenant en réalité, c'est surtout que les développeurs soient également restés trop sages en ce qui concerne les niveaux de cette campagne. Ils ne sont pas excessivement nombreux déjà, mais surtout assez peu utilisent le gameplay pour soit nous forcer à l'improvisation que le jeu permet, soit nous forcer à la résolution complexe de puzzle que le jeu nous permet également. Le jeu propose de faire bouger le temps en vitesse normale uniquement quand le joueur se meut, ce qui est l'inverse des jeux à bullet-time habituel. Et il ajoute à cela, la sublime mécanique du jeté d'armes dans la face de Hotline Miami, permettant même de jeter à peu près tout petit ou gros objet à disposition dans une salle. Globalement, ça met en bouche, mais ça manque un peu de situations funs au-delà même de la mécanique excellente. Les bons niveaux sont par exemple un très bref, mais très cool, ascenseur où l'on doit s'arranger pour échapper à trois flingues pointés sur nous, ou encore la cage de combat, sans arme à feu; courts mais hautement sympathiques. Le reste du temps, ça fait le travail, sans plus.
Une fois cette partie terminée, en une paire d'heure, on se retrouve avec des défis arcades et un mode "endless". Les premiers défis demandent de recommencer le jeu avec des contraintes (de temps, d'armes etc) et le second laissera au joueur une simple salle, assez bien foutue (avec assez de couvertures et d'objets pour bien pouvoir y naviguer en balançant des trucs à la face des assaillants) avec des ennemis arrivant sans cesse, et où le but est de survivre le plus longtemps ou de tuer le maximum de "méchant" dans un temps imparti. Et c'est essentiellement là qu'on pourra éprouver le gameplay, la gestion du saut, le fait de changer de corps en laissant le précédent se faire trouer. Le gameplay a suffisamment de ressources pour être un bon défi arcade, comme Mirror's Edge pouvait l'être par ailleurs avec ses défis finalement plus intéressants en terme de gameplay que la campagne.
Alors oui, il manque un petit truc à Superhot, à la fois dans les mouvements qui gagneraient à être plus "matrixiens" et dans le LD qui manque de génie pour surprendre. Mais très franchement, ça sent le jeu que je ressortirais régulièrement "juste pour une petite partie" et auquel je finis par scotcher pendant une heure...